Les biomédicaments grèvent les budgets de santé, selon une étude publiée en mars 2022 dans le Journal of Pharmaceutical Policy and Practice.
Les dépenses en médicaments d'ordonnance ont pratiquement doublé au Canada entre 2001 et 2020, passant de 17 à 33 milliards de dollars (dollars constants de 2020) au Canada, indique l'étude.
Mark Hofmeister de l'Université de Calgary et ses collègues ont analysé une base de données contenant tous les médicaments d'ordonnance utilisés en milieu hospitalier ou vendus en pharmacie entre de 2001 à 2020.
Les médicaments utilisés en milieu hospitalier représentaient 15 % de la facture pendant cette période. Entre 2001 et 2020, le taux de croissance annuel des dépenses en médicaments d'ordonnance s'est maintenu aux alentours de 4 % dans les pharmacies et de 7 % en milieu hospitalier. Cette hausse devrait se maintenir au cours des prochaines années, selon les estimations des chercheurs.
« Ce n'est pas un rythme soutenable pour le système de santé
», prévient Jason Robert Guertin de la Faculté de médecine de l'Université Laval (Québec), coauteur.
Les chercheurs ont dressé la liste des 25 médicaments pour lesquels les coûts étaient les plus élevés. À l'hôpital comme en pharmacie, les biomédicaments accaparaient une part élevée et grandissante de l'enveloppe budgétaire.
En 2001, les dépenses en ambulatoire et en hospitalisation étaient les plus élevées pour l'atorvastatine (467,0 millions $) et l'érythropoïétine alpha (91,2 millions $), respectivement. En 2020, les dépenses étaient les plus élevées pour l'infliximab à 1,2 milliard $ (ambulatoire) et le pembrolizumab à 361,6 millions $ (hospitalisation).
Ces deux derniers médicaments sont des anticorps monoclonaux qui font partie des biomédicaments. « Les biomédicaments sont des molécules produites par des cellules vivantes, par opposition aux médicaments produits par chimie de synthèse, précise le Pr Guertin dans un communiqué de l'Université Laval. Ils incluent notamment des hormones, des anticorps et des cytokines.
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Ce sont des médicaments nichés, c'est-à-dire qu'ils sont destinés à un nombre relativement limité de patients, mais comme ils coûtent très cher, la facture totale est élevée», ajoute-t-il.
À la question « pourrait-on, pour des raisons économiques, priver des malades de cette nouvelle classe de médicaments ?
», il répond qu'« au Canada, nous sommes assez riches pour nous offrir beaucoup de médicaments, mais pas assez riches pour nous offrir tous les médicaments
».
« Il y a une limite à notre capacité financière collective et il ne faut pas la dépasser si nous voulons assurer la viabilité de notre système de santé.
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« Les biomédicaments pourraient constituer une cible intéressante pour rabattre la courbe d'accroissement des dépenses en médicaments
», estime-t-il. « On pourrait envisager l'instauration d'un programme national d'achat, qui augmenterait notre pouvoir de négociation auprès des pharmaceutiques, ou recourir davantage aux biosimilaires, des molécules qui s'apparentent aux biomédicaments, mais dont les coûts sont plus bas
».
Psychomédia avec sources : Université Laval, Journal of Pharmaceutical Policy and Practice.
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