Mise à jour le 10 avril - L'agence française du médicament (ANSM) met en garde, dans un communiqué publié le 30 mars, contre les effets secondaires graves du Plaquénil (hydroxychloroquine) et du Kaletra (lopinavir/ritonavir).

Ce, après qu'une trentaine d'effets indésirables graves, dont trois décès, aient été rapportés.

Les plus nombreux concernent le Kaletra (association lopinavir/ritonavir). L’hydroxychloroquine (Plaquenil), seule ou associée à un autre produit, est impliquée dans cinq cas dont trois mortels, précise Le Monde.

L'ANSM rappelle qu’« à ce jour, aucun médicament n’a apporté la preuve formelle de son efficacité dans le traitement ou la prévention de la maladie COVID-19 ».

« C’est pourquoi l’utilisation du Plaquenil (hydroxychloroquine) ou du Kaletra et de son générique (lopinavir/ritonavir) pour la prise en charge des patients atteints de COVID-19 doit se faire prioritairement dans le cadre des essais cliniques en cours. »

« Cependant, conformément à l’avis du Haut conseil de santé publique (HCSP) du 24/03/2020 et au décret du 25 mars 2020 (pris en application de “la loi d’urgence pour faire face à l’épidémie du COVID-19”), le recours à ces médicaments peut s’envisager à titre exceptionnel et uniquement dans le cadre d’une prescription et d’une dispensation aux patients hospitalisés. » À l'hôpital, ils sont utilisés sous une surveillance étroite.

« En aucun cas ces médicaments ne doivent être utilisés ni en automédication, ni sur prescription d’un médecin de ville, ni en auto-prescription d’un médecin pour lui-même, pour le traitement du COVID-19. »

« Pourtant, des informations recueillies par les centres régionaux de pharmacovigilance (CRPV) font état d’utilisation d’hydroxychloroquine, seule ou en association, en ville. »

L'ANSM alerte « sur les risques connus liés à l’utilisation de ces médicaments, dont le risque cardiaque, qui, sans suivi médical approprié, peuvent conduire à une hospitalisation ».

« Ce risque cardiaque pourrait être fortement potentialisé par l’association d’hydroxychloroquine avec d’autres molécules, comme l’azithromycine, ainsi qu’en raison de troubles métaboliques spécifiques à la maladie COVID-19 (hypokaliémie). »

Chloroquine et d’hydroxychloroquine

Disponibles uniquement sur prescription médicale, la chloroquine et l’hydroxychloroquine sont deux médicaments commercialisés en France :

  • l’hydroxychloroquine (Plaquenil, laboratoire Sanofi Aventis) est indiquée dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde, du lupus et en prévention des lucites (allergies au soleil) ;

  • la chloroquine (Nivaquine, laboratoire Sanofi Aventis) est indiquée dans le traitement et la prévention du paludisme, dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde, de certaines formes du lupus et des lucites.

Risques

« Ces médicaments peuvent entraîner des effets indésirables graves, tels que des atteintes de la peau (toxidermie), des hypoglycémies sévères, des troubles psychiatriques ou des troubles du rythme cardiaque (arythmie). Les symptômes devant faire suspecter une arythmie sont des étourdissements, ou des palpitations d’apparition récente.

Ces médicaments peuvent interagir avec les traitements habituels d’un patient, ce qui augmente leur toxicité. C’est le cas par exemple avec des antibiotiques (macrolides, fluoroquinolones), le citalopram (Seropram et génériques), escitalopram (Seroplex et génériques), hydroxyzine (Atarax et génériques), dompéridone (Motilium et génériques).

En particulier, l’association de l’hydroxychloroquine avec l’azithromycine pour traiter la maladie COVID-19, qui à ce jour n’a pas fait la preuve de son efficacité, expose à un risque majoré d’anomalie du système électrique du cœur. Elle ne peut être envisagée en dehors d’une surveillance cardiologique hospitalière.

Enfin, l’hydroxychloroquine et la chloroquine sont des médicaments dits “à marge thérapeutique étroite”, ce qui signifie que la dose efficace et la dose toxique sont relativement proches. En cas de surdosage ou de mauvaise utilisation, ils sont hautement toxiques. »

Le 10 avril, l'ANSM a refait un bilan des effets secondaires rapportés et réitère que ces médicaments doivent être utilisés uniquement à l’hôpital, sous étroite surveillance médicale dans le cadre fixé par le Haut conseil de la santé publique : Médicaments utilisés chez les patients atteints du COVID-19 : une surveillance renforcée des effets indésirables - Point d'information.

De son côté, dans un article publié le 30 mars, la revue Prescrire appelle aussi à la prudence avec l’hydroxychloroquine et rapporte que les résultats d'un essai randomisé publiés en Chine début mars 2020, chez 30 patients atteints de covid-19, n’ont pas montré d’efficacité clinique de l’hydroxychloroquine.

Pour plus d'informations sur l'épidémie du COVID-19 et sur les médicaments expérimentaux testés pour le traitement de la maladie, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec sources : ANSM, Le Monde.
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