Un an après la fin des traitements du cancer du sein, une femme sur cinq (21 %) n’a pas repris une activité professionnelle, selon une étude française publiée en décembre dans le Journal of Clinical Oncology.
Les chercheurs ont identifié trois principaux déterminants. Ces résultats mettent également en avant « le rôle des toxicités sévères liées aux traitements
», souligne le communiqué de l'Inserm.
25 à 50 % des femmes atteintes d’un cancer du sein traitées avec succès conservent des séquelles physiques et psychologiques liées à la maladie et ses traitements, indique le communiqué.
Agnès Dumas, sociologue à l’INSERM et chercheuse associée à Gustave Roussy, et ses collègues ont analysé des données concernant près de 1 900 femmes incluses dans la cohorte CANTO, âgées de moins de 57 ans, en emploi au moment du diagnostic et dont la maladie n’avait pas rechuté. Les participantes ont répondu à plusieurs questionnaires répétés dans le temps : lors du diagnostic, à la fin des traitements et un an après.
21 % des femmes n'avaient pas repris le travail un an après la fin des traitements ; parmi celles-ci, 74 % étaient en arrêt maladie, 9 % à la recherche d’un emploi et 17 % étaient dans une autre situation.
Les chercheurs ont pris en considération de multiples paramètres pour comprendre les déterminants du non-retour : le stade de la maladie, l’état de santé général des femmes au moment du diagnostic de la maladie (incluant la présence d’autres pathologies comme les troubles musculo-squelettiques), les toxicités et effets secondaires des traitements, la qualité de vie et notamment différents types de fatigue (physique, émotionnelle ou cognitive), l’anxiété, la dépression ainsi que des caractéristiques sociodémographiques (âge, vie en couple…) et socioprofessionnelles (catégorie professionnelle, temps de travail).
Les chercheurs ont mis en évidence trois principales causes du non-retour un an après l’arrêt des traitements :
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Les symptômes psychologiques sont le premier paramètre à peser. Les femmes rapportant des symptômes dépressifs à la fin des traitements sont moins enclines à reprendre le travail.»«
Vient ensuite le type de travail. Les femmes avec un travail manuel ont un risque de non-reprise très important. A cela s’ajoute la question du temps de travail, les femmes travaillant à temps partiel reprenant moins le travail que celles travaillant à temps plein au moment du diagnostic.»«
Enfin, le type de traitement a également un rôle important. Ainsi, les femmes ayant été traitées par chimiothérapie (sans distinction du type) associée à du trastuzumab avaient significativement moins repris une activité professionnelle un an après la fin des traitements.»
« Toutes choses égales par ailleurs, par exemple le même type de chirurgie ou la prise en compte des symptômes dépressifs, le fait d’avoir du trastuzumab augmente clairement le risque de ne pas retourner au travail. »
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Nous n’avons pas encore trouvé d’explication satisfaisante à son rôle : ce médicament n’ayant pas une toxicité considérée comme sévère (grade 3 ou 4), il ne devrait pas avoir un tel impact sur l’emploi. Est-ce sa toxicité à long terme, même si elle est faible, la cause ? Est-ce la formulation par voie intraveineuse et son administration à l’hôpital sur une longue durée qui joue ? Nous sommes en train d’affiner les paramètres pour mieux comprendre » conclut Ines Vaz-Luis, oncologue à Gustave Roussy et co-auteur de l’article.»
En plus de ces trois principaux facteurs, l’étude « montre le rôle des toxicités sévères liées aux traitements (dites de grade 3 ou supérieur, concernant les domaines cardiovasculaire, gynécologique, gastro-intestinal, rhumatologique, dermatologique, pulmonaire ou neurologique) à côté de facteurs déjà démontrés dans la littérature pour leur rôle négatif sur l’emploi tels que les douleurs au bras suite à la chirurgie
».
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Psychomédia avec sources : Inserm, Journal of Clinical Oncology.
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