La Société canadienne de rhumatologie (SCR) a publié, en janvier, un énoncé de position sur l’utilisation du cannabis à des fins médicales pour les maladies rhumatismales.
Les personnes atteintes de ces maladies éprouvent des douleurs persistantes que les traitements actuels ne parviennent que modestement à soulager, souligne la SCR.
Le cannabis médical n’a pas été soumis aux examens standards requis pour l’approbation des médicaments par Santé Canada, indique la SCR.
« Il n'y a pas d'essais cliniques sur le cannabis médical chez les patients rhumatologiques
», rapportent Mary-Ann Fitzcharles de l'Université McGill (Québec) et ses collègues dans le Journal of Rheumatology. « Les données probantes sur les bénéfices des cannabinoïdes pharmaceutiques dans la fibromyalgie, l'arthrose, la polyarthrite rhumatoïde et les maux de dos sont insuffisantes, mais il existe des données probantes d'un risque élevé de préjudice. En extrapolant à partir d'autres conditions, le cannabis médical peut procurer un certain soulagement des symptômes chez certains patients. Les risques à court terme d'effets psychomoteurs sont prévisibles, mais les risques à long terme n'ont pas été déterminés et sont préoccupants.
»
La SCR formule les 11 principes généraux suivants :
Le cannabis médical n’est pas une solution de rechange aux soins standards pour les maladies rhumatismales quelles qu’elles soient, et les rhumatologues devraient appliquer les normes thérapeutiques et lignes directrices en vigueur pour leur prise en charge.
Aucune étude publiée n’a porté sur les effets du cannabis médical chez les patients atteints de maladies rhumatismales et les quelques études qui ont porté sur les cannabinoïdes pharmaceutiques font état de bienfaits limités et d’un risque élevé d’effets indésirables.
Le cannabis médical ne devrait pas être administré aux patients suivis en rhumatologie âgés de moins de 25 ans.
Il est à prévoir que les patients atteints de maladies rhumatismales demanderont des conseils au sujet du cannabis médical; certains se soignent peut-être déjà avec du cannabis ou pourraient demander une ordonnance de cannabis médical.
Les principaux motifs pour lesquels des patients pourraient envisager l’utilisation du cannabis médical sont : soulagement de la douleur et amélioration de l’humeur et/ou du sommeil.
Il faut d’abord essayer les stratégies existantes pour soulager la douleur et favoriser le sommeil avant d’envisager l’emploi du cannabis médical.
Le cannabis médical pourrait soulager les symptômes de certains patients atteints de maladies rhumatismales.
Des effets indésirables à court terme (y compris des effets psychomoteurs immédiats, des étourdissements, des modifications de l’appétit, un effet sur l’humeur et de rares effets indésirables graves de désorientation et de psychose) sont étroitement liés à la consommation de cannabis médical et risquent d’être similaires à ceux qu’on rapporte chez d’autres populations de patients.
On ignore quels sont les risques à long terme associés au cannabis médical chez les patients atteints de maladies rhumatismales.
Même s’ils comprennent qu’il y a une absence de preuves scientifiques quant aux bienfaits du cannabis médical et des risques accrus de préjudices associés à sa consommation, certains patients pourraient choisir de l’essayer plutôt que d’utiliser autres options.
Les rhumatologues se doivent de maintenir un lien thérapeutique empathique avec leurs patients, d’éviter les biais personnels et de s’assurer de réduire les préjudices pour les patients et la société.
Le cannabis médical est contre-indiqué pour diverses populations, dont les femmes enceintes et celles qui allaitent.
Parmi les éléments qu'un médecin prescripteur doit prendre en compte au moment d’envisager l’essai du cannabis médical figurent ceux-ci :
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En raison des produits toxiques de sa combustion, le cannabis ne devrait pas être fumé. Le vapotage ou la consommation orale sont les voies d’administration à privilégier.
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Il faut privilégier le cannabis ayant une teneur moindre en THC et supérieure en CBD.
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On ignore quelle est la posologie idéale, mais le traitement devrait commencer par une dose au coucher, avant d’être augmenté graduellement jusqu’à un maximum de 3 grammes de cannabis médical par jour (produit déshydraté ou l’équivalent).
Concernant la recommandation de préparations de cannabis à faible teneur en THC et à forte teneur en CBD, les auteurs du rapport précisent :
«
Aucune étude clinique publiée n’a porté sur les effets du cannabis chez les personnes atteintes de maladies rhumatismales. Par contre, selon des données précliniques (tirées d’études menées chez l’animal), le cannabidiol est une molécule dotée d’un fort potentiel pour atténuer la douleur et l’inflammation. En revanche, le THC est une molécule dotée de puissantes propriétés psychoactives qui auraient un impact négatif sur le fonctionnement cognitif et psychomoteur et exposeraient la personne à un risque plus grand d’effets indésirables. Même si les concentrations restent à étudier et à définir, il est possible que la combinaison des deux molécules (THC et CBD) ait plus d’impact sur les symptômes.(...) Le THC est la molécule du cannabis principalement responsable de ses propriétés psychoactives, à l’origine de l’effet de “high”, ce qui inclut une sensation d’euphorie, un temps de réaction plus lent, des pertes de mémoire et des problèmes de coordination. Le CBD est bien toléré, même à dose élevée. Selon les rapports, les deux soulageraient la douleur. »
Plus d'information sur le site de la SCR : Énoncé de position de la SCR sur l’utilisation du cannabis à des fins médicales pour les maladies rhumatismales.
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Psychomédia avec sources : Société canadienne de rhumatologie, Journal of Rheumatology.
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