Les pictogrammes identifiant les médicaments les plus à risque pour la conduite d'un véhicule n'ont pas réduit le nombre d'accidents de la route liés à ces médicaments en France, selon une étude publiée dans le British Journal of Clinical Pharmacology.
L'étude, menée par Emmanuel Lagarde de l'Institut national français de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et ses collègues, a porté sur les les somnifères ou les médicaments contre l'anxiété de la famille des benzodiazépines et apparentés « qui représentent 70 % des médicaments associés aux accidents ».
Les médicaments à risque pour la conduite, soit 1/3 des médicaments sur le marché, sont indiqués, depuis 2007, par de nouveaux pictogrammes sur les boîtes de médicaments :
- triangle jaune (niveau 1) : « ne pas conduire sans avoir lu la notice » ;
- triangle orange (niveau 2) : être « très prudent » et « ne pas conduire sans l'avis d'un professionnel de santé » ;
- triangle rouge (niveau 3) : ne pas conduire du tout.
Selon une étude précédente de l'Inserm, les médicaments à risque seraient responsables de 3 à 4 % des accidents de la circulation en France.
Les chercheurs ont identifié 150 000 conducteurs impliqués dans des accidents de la route entre 2005 et 2011, en les répartissant en quatre périodes : de 2005 à 2006, avant l'instauration des nouveaux pictogrammes, 2007 à 2008 correspondant à la mise en place du système, puis de 2008 à 2009 et de 2010 à 2011, pour suivre l'évolution.
Alors qu'on aurait pu espérer une baisse des accidents, les chercheurs n'ont trouvé aucun effet significatif. Ils ont même constaté une légère hausse des accidents dus aux somnifères de la famille des benzodiazépines ou apparentés (comme Stilnox, Zolpidem ou Imovane) qui pourrait être due, selon le chercheur, à une augmentation de leur consommation.
Le chercheur insiste sur le rôle du médecin qui doit mettre en garde son patient lorsqu'il lui prescrit un médicament à risque.
La durée des effets est variable selon les médicaments, allant de 6 heures en moyenne pour les benzodiazépines à des durées plus courtes pour certains médicaments apparentés. « Le problème c'est que si on reprend une dose pendant la nuit, on en a encore dans le sang le matin » souligne le chercheur.
Psychomédia avec source : Europe 1 avec AFP.
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