Environ le quart des patients des unités de soins intensifs aux prises avec une infection qui s'est propagée au sang ne reçoivent pas un traitement antibiotique initial adéquat, selon une étude québécoise publiée dans la revue PLOS One.
Ce qui a pour conséquence d'augmenter la mortalité lorsque l'infection est causée par un champignon, montre l'étude. Mais des solutions existent, soulignent les chercheurs.
Étant donné l'état de santé précaire des patients traités dans les unités de soins intensifs, il est important de leur administrer un antibiotique efficace dans les plus brefs délais.
Comme il faut en moyenne de 3 à 4 jours pour déterminer l'identité de l'agent infectieux, les médecins sont contraints de choisir le traitement initial de façon empirique. Leur stratégie consiste souvent à jouer la loi de la moyenne en prescrivant des antibiotiques à large spectre.
Le Pr François Lauzier de la Faculté de médecine de l'Université Laval et ses collègues ont passé en revue les dossiers de quelque 1 200 personnes soignées dans des unités de soins intensifs de 13 hôpitaux canadiens et ayant contracté une infection s'étant propagée au sang.
Selon l'identité de l'agent infectieux, révélée ultérieurement par les tests de laboratoire, le traitement avait été inadéquat dans 22 % des cas. Lorsque l'infection était causée par une bactérie, ce taux était de 19 %. Il grimpait à 65 % lorsqu'il s'agissait d'un fongus.
40 % des patients qui faisaient partie de l'étude sont décédés pendant leur séjour à l'hôpital. Les traitements initiaux inadéquats n'augmentaient pas le risque de mortalité lorsque l'agent infectieux était une bactérie.
Mais lorsqu'il s'agissait d'une espèce fongique, le risque de mortalité triplait. D'abord, explique le chercheur, les délais pour obtenir les résultats de laboratoire sont plus longs pour les fongus, de sorte que le bon antibiotique est administré plus tardivement. Par ailleurs, comme les infections causées par ces microorganismes sont plus rares (8 % des infections sanguines étaient dues à des microorganismes du genre Candida dans l'étude), les médecins sont moins portés à soupçonner qu'ils peuvent être en cause et les antibiotiques initiaux ne les ciblent pas.
Cette situation n'est pas irrémédiable, estime le chercheur. Le risque de mortalité pourrait être réduit en améliorant les règles de prédiction cliniques. Par ailleurs, des tests biochimiques détectant des molécules présentes dans les parois cellulaires des fongus pourraient aider les médecins à prescrire un meilleur traitement initial. Ces tests ne renseignent pas sur la souche en cause, mais indiquent, en quelques heures, qu'il s'agit d'un fongus. Un antibiotique à large spectre ciblant ces microorganismes pourrait être administré en attendant le résultat des cultures microbiologiques.
Les chercheurs espèrent que cette étude sensibilisera les médecins des unités de soins intensifs à la possibilité que leurs patients puissent être infectés par des fongus.
Psychomédia avec source : Université Laval.
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