« Le prix extravagant de certains nouveaux médicaments serait le reflet de leur "valeur" pour les patients et la société. Cet argument ne résiste pas à l'épreuve des faits
», estime la revue Prescrire.
Selon une étude portant sur les prix de 58 médicaments anticancéreux autorisés aux États-Unis entre 1995 et 2013, publiée en 2015 dans le Journal of economic perspectives (JEP), « les médicaments les plus récents n'ont pas augmenté la durée de survie par rapport aux médicaments plus anciens. Mais, leurs prix ont fortement augmenté : + 12 % par an
».
« Ainsi, une année de survie supplémentaire coûtait 54 000 dollars en 1995, 139 000 dollars en 2005 et 207 000 dollars en 2013 (chiffres ajustés en dollars de 2013).
»
David H. Howard et ses collègues « ont constaté que les prix des médicaments anticancéreux ont augmenté jusqu'à correspondre à la "disposition à payer pour une année de survie" telle qu'elle ressort d'enquêtes réalisées par des économistes de la santé. Il s'agit là d'une application à la santé d'un concept économique, "la disposition à payer".
»
« On imagine facilement qu'une personne se dise disposée à dépenser une forte somme pour rester en vie une année supplémentaire. Mais à quel âge ? dans quel état de santé ? avec quel argent, celui de la collectivité ou le sien ?
»
L'application de ce concept à la santé est dangereuse et absurde. Si l'on applique ce concept aux médicaments, pourquoi ne pas le faire pour les actes des soignants ? Combien alors serait-on prêt à payer pour qu'une sage-femme retire un cordon ombilical autour du cou d'un nouveau-né ? Combien pour survivre grâce à une trachéotomie ? Etc.
« Un collectif de cancérologues étatsuniens appelle les patients à signer une pétition pour réclamer une baisse du prix des médicaments anticancéreux. En France, la Ligue contre le cancer a lancé aussi une démarche de ce type. Des initiatives à amplifier
», estime Prescrire.
Psychomédia avec sources : Prescrire, JEP.
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