À Paris, à la différence de villes comme Marseille ou Lille, les populations ouvrières ou défavorisées ne vivent pas toujours dans les quartiers les plus pollués.
La carte de la répartition des habitants selon le statut socio-économique (figure 2) ne se superpose pas complètement avec celle des niveaux de concentration de dioxyde d’azote (figure 1).
Malgré cela, lors des pics de pollution, les Parisiens les plus modestes ont un risque de mortalité beaucoup plus élevé que la moyenne générale dans la ville, selon une étude publiée dans la revue PLOS One.
Denis Zmirou-Navier et ses collègues de l’Institut national de santé et de la recherche médicale (Inserm) et de l’École des hautes études en santé publique (EHESP), ont analysé les causes de 79 017 décès chez les Parisiens de plus de 35 ans entre 2004 et 2009 et ont mis ces données en relation avec le profil socio-économique et l'exposition quotidienne au dioxyde d’azote (chauffage, trafic automobile…) en fonction du quartier de résidence.
« Au sein de la capitale, en dehors du périphérique, la pollution par le dioxyde d’azote prédomine dans les quartiers riches, comme le 8e, 17e, le long de la Seine dans le 15e
», indique l'étude.
Chez les riches et les pauvres, dans les quartiers où la pollution moyenne est élevée tout au long de l’année, il y a plus de mortalité. Mais confrontées à la même pollution, les personnes de catégorie socio-économique modeste ont une mortalité trois fois plus élevée que la moyenne parisienne.
Elles « sont plus vulnérables pour des raisons directement liées à leurs conditions de vie et cumulent des facteurs de risque de contracter des maladies chroniques
», expliquent les chercheurs : elles travaillent dans des milieux professionnels plus exposés, passent plus de temps dans les transports, sont plus fréquemment fumeuses, ont un régime alimentaire moins équilibré, recourent plus tardivement aux soins…
Les habitants plus aisés peuvent s’adapter davantage en vivant dans des logements mieux protégés de la pollution et en quittant la ville le week-end et les congés.
« Nous sommes face à un effet de fragilisation en continu des populations due à la pollution chronique. Une fragilisation dont les catégories sociales modestes sont les premières victimes lors des pics de pollution
», souligne le chercheur.
Illustrations : 1) Concentrations anuuelles 2009-2014 de dioxyde d'azote; 2) Statut socioprofessionnel, la catégori 1 étant la plus aisée. Source : PLOS One.
Psychomédia avec sources : Le Monde, Plos One
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