Il est très difficile de savoir quels produits alimentaires contiennent des nanomatériaux, explique un article du numéro de mars de la revue 60 millions de consommateurs de l'Institut français de la consommation.
Au niveau européen, l’obligation d’étiquetage qui était prévue a été différée sous la pression des lobbies, et nombre d’industriels n’ont pas voulu répondre aux questions du magazine.
Des nanoparticules sont présentes dans les cosmétiques et dans l’alimentation mais leur usage demeure opaque.
"Car si la rumeur fait état de leur présence dans nombre d’aliments (confiseries, cafés solubles, charcuteries, soupes instantanées…), la réalité reste difficile à cerner.
"
Le règlement européen sur l’information du consommateur (Inco) prévoyait qu'à partir du 13 décembre 2014, le consommateur verrait indiqué « nano » sur les étiquettes des denrées alimentaires, derrière les ingrédients concernés, au même titre que l’étiquetage nutritionnel ou l’origine des viandes, rappelle l'association.
Mais en décembre 2013, la Commission européenne a reculé en proposant d’exempter les additifs utilisés depuis plusieurs années pour le motif que cette indication risquerait de « jeter la confusion parmi les consommateurs » en laissant entendre que ces additifs seraient nouveaux. Ainsi, la nanosilice, employée couramment comme antiagglomérant (E551) dans de nombreux aliments en poudre, serait dispensée de la mention « nano ».
Autre entorse à la transparence : un seuil de 50 % de nanomatériaux dans un ingrédient à partir duquel on doit signaler leur présence, allant ainsi à l’encontre d’un avis de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), qui plaide en faveur d’un seuil de 10 %, en raison de l’incertitude actuelle sur les risques sanitaires des nanotechnologies.
Et en mars 2014, après un débat houleux, les députés européens rejettent la proposition de la Commission.
"À quand une nouvelle version ? D’après la Répression des fraudes, elle pourrait être publiée (sans certitude aucune) dans les mois qui viennent, voire courant 2016. Bref, la transparence attendra
", déplore l'association
"Pour l’heure, les industriels jouent la montre, le temps notamment que la Commission européenne révise la définition du nanomatériau.
" Pour certains fabricants, indique l'association, "l’enjeu sera de mettre au point ou d’utiliser des nanomatériaux dont la proportion et la taille pourront flirter avec les seuils fixés, sans les dépasser
" afin de conserver leurs propriétés, tout en échappant à l’obligation de les mentionner…
Selon le ministère français de l’agriculture et de l’agroalimentaire, il n’y a pas lieu de s’inquiéter, mentionne l’association : « Les applications commerciales des nanotechnologies dans l’aliment restent marginales », peut-on lire sur son site. D’ailleurs, « aucune demande d’autorisation, obligatoire avant toute mise sur le marché d’un nouvel aliment, n’a été recensée au niveau européen »… "C’est un peu vite oublier les additifs déjà utilisés sous forme de nanoparticules !
", s'indique l'association.
Parmi les colorants, mentionne-t-elle, trois sont particulièrement susceptibles d’être employés sous forme nanométrique :
le carbonate de calcium (E170) est utilisé comme colorant de surface blanc (liste d'aliments contenant le E 170 sur Open Food Facts ;
le dioxyde de titane (E171) se retrouve dans des vinaigrettes, ou dans l’enrobage blanc des confiseries et chewing-gums, tels que M&M’s et les Mentos (liste d'aliments contenant le E171 sur Open Food Facts);
l’oxyde de fer (E 172) octroie une teinte rouge, jaune ou noire à des confiseries et biscuits ou à l’enveloppe de certaines charcuteries comme des saucisses de Francfort.
Psychomédia avec source : 60 millions de consommateurs
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