La musique est utilisée pour réguler l'humeur et le niveau d'activation dans la vie de tous les jours et pour promouvoir la santé physique et psychologique ainsi que le bien-être en milieu clinique.
Mais, soulignent les auteurs d'une revue de littérature publiée dans la revue Trends in Cognitive Sciences, l'étude scientifique des effets neurochimiques de la musique n'en est encore qu'à ses débuts.
Mona Lisa Chanda et Daniel J. Levitin du département de psychologie de l'Université McGill (Montréal, Québec) ont analysé 400 études afin de dresser un état des connaissances sur le sujet.
Les systèmes cérébraux identifiés comme potentiellement impliqués sont ceux :
- de la récompense, de la motivation et du plaisir (systèmes de la dopamine et des opioïdes) ;
- du stress et de l'activation (systèmes du cortisol et autres) ;
- de l'immunité (qui impliquant le système de la sérotonine, des bêta-endophines et autres) ;
- et de l'affiliation (système de l'ocytocine).
Bien que la plupart des études sur le sujet présentent des limitations importantes, elles « fournissent un support préliminaire à l'idée que les changements neurochimiques induits par la musique sont les médiateurs de l'influence de la musique sur la santé
», soulignent les auteurs.
Par exemple, en ce qui concerne l'immunité, des études ont montré que la musique stimule le système immunitaire comme indiqué par une augmentation du taux d’immunoglobuline A et de cellules immunitaires dites tueuses. La musique a aussi des propriétés anti-inflammatoires comme indiqué par des changements positifs dans le profil des cytokines. Pour ce qui est du stress, l’écoute et la pratique de la musique réduisent notamment le taux de cortisol (l’hormone du stress) dans l’organisme.
Les auteurs font valoir la nécessité de protocoles scientifiques plus stricts pour les recherches futures et suggèrent diverses pistes.
Ils suggèrent notamment d'étudier les effets de la musique sur l’ocytocine (l'hormone dite de l'attachement) et sur l’appartenance à un groupe ; de tester l'administration de naltrexone (inhibiteur des opioïdes, utilisé par exemple dans le sevrage alcoolique) afin de déterminer si le plaisir musical est déclenché par les mêmes mécanismes chimiques cérébraux qui sont activés par d’autres formes de plaisir, comme la nourriture ; et de mener des expériences dans lesquelles les participants sont assignés de façon aléatoire à un groupe avec une intervention musicale ou à un groupe témoin dans le cadre d’essais dans un contexte postopératoire ou de douleur chronique.
Plusieurs questions pourraient être étudiées, telles que : les effets bénéfiques de la musique sont-ils dus à la distraction, à l’établissement d’un certain état d’esprit, au sentiment de former des liens sociaux ou de recevoir un soutien social, ou à d’autres facteurs ? Les effets sont-ils différents selon qu’on pratique ou qu’on écoute de la musique ? Certaines personnes sont-elles plus susceptibles de bénéficier des effets positifs de la musique que d’autres ? Si c’est le cas, quelles sont les différences individuelles en cause (p. ex., traits de personnalité, facteurs génétiques ou biologiques) ? Quel est le rôle de l’ocytocine comme médiateur de l’expérience musicale ?
Pour plus d'informations, voyez les liens plus bas.
Psychomédia avec sources : The neurochemistry of music, Université McGill.
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