Deux articles du journal Le Monde, sous la plume de Paul Benkimoun, sont instructifs sur les conflits d'intérêts à l'Agence européenne du médicament (AEM).

Le premier rapporte que "l'onde de choc du scandale du Mediator (...) a atteint l'AEM, déjà mise en cause pour son manque de transparence, ses carences en matière de pharmacovigilance et ses insuffisances dans la lutte contre les conflits d'intérêts" et comment elle tente désormais de redresser la barre.

En décembre 2009, notamment, elle a d'abord changé de tutelle, passant de celle de la Direction générale (DG) Entreprises à celle de la DG Santé et consommateurs (Sanco). En effet, rapporte Le Monde, "contrairement à toutes les agences nationales qui relèvent du ministère de la santé, l'AEM était inscrite dans la logique de la compétitivité de l'industrie européenne et de son secteur pharmaceutique".

Autre exemple de changement qui s'imposait: "Auparavant les données étaient confidentielles. A présent, la distinction est faite entre les données des essais cliniques devenues publiques une fois l'avis rendu par l'Agence, et les informations commerciales qui restent confidentielles", explique le directeur médical de l'AEM, Hans-Georg Eichle.

Trois autres carences seront corrigées, indique Paola Testori, directrice générale de la DG Sanco: lorsqu'un Etat membre décide de suspendre ou de retirer l'autorisation de mise sur le marché (AMM) d'un médicament, une évaluation européenne sera automatiquement déclenchée; lorsqu'un laboratoire retire volontairement l'un de ses produits, il devra informer l'AEM sur la raison de ce retrait; et, le public pourra accéder à une liste des médicaments sous surveillance.

Le deuxième article décrit le pantouflage de l'ex-directeur exécutif de l'AEM, Thomas Lönngren, qui a été en poste de 2001 à 2010, reconverti dans des activités de conseil auprès de l'industrie pharmaceutique. On y apprend notamment que ce dernier a, entre autres, depuis janvier, un contrat avec le groupe NDA, spécialisé dans le conseil aux laboratoires pour accélérer l'accès au marché de leurs produits, et qu'il fait partie du conseil d'administration de CBio Ltd. Australia. Cette nomination, indique le journal, serait assortie de 728 millions d'euros de stock-options, et aurait fait grimper de 29,3 % le cours boursier de l'entreprise, selon le site Biotechnology News.

En mars dernier, l'AEM ne voyait pas de conflits d'intérêts dans les nouvelles fonctions de son ex-directeur, ce qui n'est pas l'avis de quelques ONG qui ont porté le cas à l'attention du public.

À lire dans Le Monde: Les petits secrets de l'Agence européenne du médicament Quand un ex-directeur de l'AEM part "pantoufler" dans les laboratoires

Psychomédia
Tous droits réservés.