La Cour suprême du Canada vient de statuer que le site d'injection de drogue supervisé de Vancouver peut continuer d'offrir ses services aux toxicomanes. Le pourvoi du gouvernement conservateur fédéral de Steven Harper, qui voulait faire fermer le centre, est ainsi rejeté.
Financé par le gouvernement de la Colombie-Britannique, InSite opérait depuis son ouverture en 2003 grâce à une exemption à la loi fédérale sur les drogues accordée par le gouvernement libéral. Mais le gouvernement conservateur de Steven Harper a refusé de prolonger cette exemption en 2008. Sa survie menacée, InSite a porté la cause devant les tribunaux. La Cour suprême de la Colombie-Britannique a statué que la fermeture du centre serait inconstitutionnelle (la santé étant une compétence provinciale et non fédérale) et qu'Insite était un service nécessaire.
Le gouvernement fédéral a porté la cause devant la Cour suprême du Canada, soutenant que le centre d'injection allait à l'encontre de son plan de répression de la criminalité et que sa compétence prévalait sur celle des provinces en matière de santé. Les juges ont rejeté unanimement ces arguments en invoquant la Charte des droits et libertés.
L'Association médicale canadienne (AMC) s'est réjoui du jugement car, précise-t-elle dans un communiqué, les données montrent que l'injection supervisée réduit la propagation des maladies infectieuses ainsi que l'incidence de surdoses et de décès.
À Québec, l'organisme Point de repères, qui souhaite ouvrir un centre d'injection supervisée dans le quartier Saint-Roch de la capitale, se réjouit également de la décision, espérant que ce jugement facilitera les négociations avec la Ville de Québec.
- Une étude publiée en avril dernier dans la prestigieuse revue médicale The Lancet montrait que le site InSite a notamment permis de diminuer du tiers (35 %) la mortalité par surdose dans le quartier environnant.
- En décembre 2010, l'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal a annoncé un projet d'étude sur la faisabilité d'un site d'injection supervisé à Montréal devant débuter en janvier 2011. Le directeur de la santé publique de l'Agence, le Dr Richard Lessard, indiquait être favorable à un tel site pour réduire le taux d'infection chez les toxicomanes. L'organisme Cactus Montréal prévoit réaliser un tel projet.
- En décembre 2009, l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) recommandait au gouvernement provincial l'ouverture de sites d'injection supervisés.