Selon la prestigieuse revue "The Lancet", l'Organisation mondiale de la santé (OMS) négligerait régulièrement de préciser sur quels éléments de preuve elle s'appuie pour formuler ses recommandations, manquant ainsi de transparence.
Les Drs Andrew Oxman et Atle Fretheim du Centre norvégien de la connaissance des services de santé, et le Dr John Lavis, de l'Université McMaster (Canada)
ont interviewé des responsables de l'OMS et analysé les différentes recommandations.
"Il est difficile de juger de la confiance qu'on peut avoir dans les recommandations de l'OMS si on ne sait pas comment elles ont été élaborées", fait valoir Andrew Oxman.
Le Dr Tikki Pang, directeur de la recherche de l'OMS reconnait le mérite de cette critique. Le temps qui presse et le manque d'information et d'argent peuvent parfois compromettre le travail de l'OMS, a-t-il admis. "Nous savons que notre crédibilité est en jeu", dit-il.
Des responsables de l'OMS ont aussi reconnu que, dans bien des cas, la preuve censée être à l'origine d'une recommandation n'existait pas.
Un autre constat est que les résultats provenant des pays en développement sont souvent irréguliers et, lors d'une épidémie, les informations varient en fonction de l'évolution de la crise. C'est pourquoi l'OMS tente de mettre au point de nouveaux moyens de collecte de l'information dans les régions pauvres.
Effectivement, selon Dr Pang, les récentes recommandations de l'OMS concernant les patients atteints de grippe aviaire, par exemple, ont été mises au point après un examen insuffisant.
Le Dr Oxman relève pour sa part que l'OMS possède son propre contrôle de qualité. Quand ses avis de 1999 sur le traitement de l'hypertension artérielle ont été critiqués, notamment pour le prix élevé des médicaments recommandés sans preuve d'un bénéfice supérieur à celui de produits moins chers, l'organisation a publié des "recommandations pour la rédaction des recommandations", qui ont conduit à revoir les conseils concernant l'hypertension.
La directrice générale de l'OMS, le Dr Margaret Chan, qui est entrée en fonction cette année, va devoir répondre à la critique du Lancet. "C'est une opportunité formidable pour l'OMS de se refaire une image d'agence technique, ce qu'elle aurait toujours dû être", estime Dr. Horton.
Source: The Lancet, May 8.