Maria Melchior et ses collègues ont analysé les données de la cohorte Gazel incluant plus de 20 000 personnes employées des entreprises GAZ de France et Electricité de France, suivies pendant plus de 16 ans.
Les chercheurs ont étudié le devenir des personnes ayant été arrêtées pour raisons psychiatriques, plus de 7 jours consécutifs entre 1990 et 1992. Les arrêts pour raisons psychiatriques recouvraient différentes pathologies : principalement la dépression (59 %), d’autres types de névrose, les troubles anxieux et psychosomatiques (36 %) et les problèmes dus à l’alcool (5 %). Trois causes de mortalité ont été suivies : décès par cancers, par maladies cardiovasculaires et par causes externes (dont suicides) entre 1993 et 2008.
En 3 ans (du 1er janvier 1990 au 31 décembre 1992) 6,5 % des personnes incluses dans l’étude ont été absentes du travail au moins une fois plus de 7 jours pour raisons psychiatriques.
Elles ont eu une mortalité plus importante que celles qui n’ont pas eu d’arrêt maladie : 6 fois plus de suicides, 60 % de décès supplémentaires par cancer du fumeur (œsophage, bouche, pancréas, voies urinaires, poumons) et 80 % de décès supplémentaires par maladies cardiovasculaires.
L’association entre arrêt maladie pour raison psychiatrique et décès par cancer pourrait être le reflet d’un mauvais diagnostic de départ des premiers symptômes du cancer, tels que la fatigue, la perte de poids, interprétés comme symptômes psychiatriques, mais aussi d’une forte consommation de tabac chez les personnes atteintes de troubles psychiatriques.
Une fois l'analyse des données ajustée pour prendre en compte les facteurs de risque de mort prématurée tels que l’âge, le sexe, le statut marital, la profession et catégorie sociale, le niveau de consommation d’alcool et de tabac, et les arrêts maladie dus à d’autres causes médicales, l’association ne restait statistiquement significative que pour les décès par suicide (risque multiplié par 5).
Ces données montrent que l’arrêt maladie peut être un marqueur important et fiable de l’état de santé des personnes, considèrent les auteurs. Ils insistent sur l’intérêt de proposer un suivi de santé particulier aux personnes arrêtées fréquemment pour raisons psychiatriques.
Psychomédia avec source: Inserm.
Tous droits réservés.