Le Syndicat des jeunes biologistes médicaux (SJBM) a interpellé, dans un communiqué diffusé le 19 septembre, la ministre française de la Santé, Marisol Touraine, au sujet des dangers nouveaux anticoagulants oraux (NACOs) Eliquis (apixaban), Pradaxa (dabigatran, Pradax au Canada) et Xarelto (rivaroxaban).

En l’absence d’antidote disponible en cas d'hémorragie, ces molécules représentent "une bombe à retardement", estime-t-il dans ce communiqué intitulé "Les nouveaux anticoagulants oraux, le prochain Mediator ?".

Ces médicaments visent à empêcher la formation des caillots sanguins et sont utilisés en remplacement des antivitamines K (AVKs) (1) chez des personnes atteintes de maladie thromboembolique (thrombose veineuse, embolie pulmonaire), de fibrillation auriculaire ainsi que porteuses de prothèse valvulaire (après une chirurgie cardiaque) et de prothèses de genou ou de hanche.

Les antivitamines K "dont l'efficacité a amélioré le pronostic de millions de personnes", peuvent provoquer de graves hémorragies (4000 morts par an en France, selon une enquête de l'AFSSAPS en 1998) et nécessitent, pour cette raison, un suivi contraignant au moyen de tests sanguins fréquents.

Les NACOs offre le même bénéfice "tout en ne nécessitant (théoriquement) pas de suivi biologique au long cours". Commercialisés en Europe depuis 2008, ils se sont très largement développés sur le marché français entre 2012 et 2013, au détriment des AVKs. Ainsi, sur le dernier trimestre 2012, parmi les 100 000 personnes entreprenant un traitement anticoagulant, 57 % se sont vues prescrire un NACO en première intention et les switchs d’un traitement par AVKs vers les NACOs ont concerné 35 000 personnes, dont 35 % de personnes âgées de plus de 80 ans (selon un rapport adressé au ministre chargé de la Sécurité Sociale sur l’évolution des charges et des produits de l’Assurance Maladie pour 2014).

Mais, les NACOs entraînent les mêmes effets secondaires graves (hémorragies sévères, voire mortelles) que les AVK, avec cette différence d'importance qu'il n’existe pas d’antidote permettant d’en neutraliser l’effet en cas d’hémorragie.

De plus, leur prescription est la plupart du temps injustifiée, allant à l'encontre des recommandations des autorités de santé (ANSM, HAS) de ne pas substituer un traitement par NACO chez un personne bien équilibrée sous AVK, ni de l’instaurer en première intention.

Les accidents graves et mortels se multipliant, le Japon et l’Allemagne émettent des réserves de plus en plus fortes quant à l’utilisation de ces médicaments. "La France vient quant à elle (en dépit du principe de précaution) d’autoriser l’utilisation des NACOs dans la prise en charge de la fibrillation auriculaire, ce qui va considérablement accroître le nombre de patients traités et de ce fait le nombre d’accidents à déplorer".

Le SJBM interpelle la ministre sur l’intérêt d’inscrire les NACOs sur la liste des médicaments à prescription d’exception (comme alternative au traitement par AVK en cas de contre-indication ou lorsque le contrôle de l’anticoagulation est impossible).

En mars 2013, la revue Prescrire estimait aussi que le médicament antivitamine K warfarine (Coumadine) est préférable à ces nouveaux anticoagulants.

(1) Des antivitamines K sont : Coumadin (warfarine), Préviscan (Fluindione), Sintrom (Acénocoumarol), Mini-sintrom (Acénocoumarol)

Psychomédia avec source: Syndicat des jeunes biologistes médicaux.
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