"(...) Comment se fait-il que la "France freudienne" est le pays où l’on consomme le plus de psychotropes au monde ? En fait, peu de gens peuvent se payer une cure psychanalytique.
Dans un pays comme la Hollande, qui compte le plus de thérapeutes comportementalistes par habitants, la consommation des psychotropes est une des plus faibles qui soit. Ce n’est pas un hasard.
(...) La situation monopolistique de la psychanalyse en France a subi un coup terrible en février 2004 : la publication d’un rapport de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) sur l’efficacité des psychothérapies.
(...) L’étude de l’Inserm a conclu à une efficacité nettement supérieure des TCC par rapport à la psychanalyse et aux thérapies familiales, pour presque tous les troubles envisagés. Des trois approches, la moins efficace est la psychanalyse. Ses résultats pour les troubles mentaux sérieux sont du niveau de celui du placebo. L’efficacité des thérapies familiales et systémiques se situe à un niveau intermédiaire, entre les TCC et la psychanalyse.
(...) Pour qui connaît la littérature scientifique internationale sur la psychothérapie, cette conclusion n’a rien d’étonnant. Aux yeux des mandarins de la psychanalyse, il est absolument intolérable que l’Inserm l’ait rendue publique.
La naissance du courant cognitivo-comportemental
Dans les années 1950, en différents endroits de la planète, des psychiatres et des psychologues ont développé des formes de psychothérapie basées sur la psychologie scientifique. Ils les ont appelées "thérapies comportementales" (T.C.).
Contrairement aux autres courants, les T.C. ne sont pas l’oeuvre d’un Père-fondateur. La théorie de référence n’est pas consignée dans des textes sacrés, que les disciples lisent et commentent à l’infini. La théorie de référence est la psychologie scientifique, c’est-à-dire un ensemble de connaissances relativement bien vérifiées, mais qui évoluent à travers le temps. Dès lors, la manière de pratiquer des T.C. aujourd’hui n’est plus celle de 1960, l’année où l’expression "behaviour therapy" apparut pour la première fois dans le titre d’un ouvrage (un recueil d’articles édité par Eysenck à Londres).
On peut définir les thérapies comportementales comme l’utilisation de la psychologie scientifique pour résoudre des problèmes psychologiques ou encore des procédures, testées méthodiquement, qui traitent des troubles psychologiques grâce à l’apprentissage de nouveaux comportements : des modes de penser, d’éprouver et d’agir.
L’adjectif "comportemental" ne signifie pas une focalisation exclusive sur l’action, même si les comportementalistes attachent une grande importance à celle-ci. Il indique avant tout qu’il s’agit d’une thérapie fondée sur la psychologie définie comme "science du comportement".
(...) Dans les années 60, s’est développé un courant de "thérapie cognitive". L’initiative en revient principalement à Albert Ellis et Aaron Beck, deux psychanalystes américains, insatisfaits du manque de scientificité du freudisme et de sa faible efficacité. Ils ont développé l’idée que, lorsque les problèmes psychologiques sont sérieux, il ne suffit pas que le patient parle, se souvienne et exprime des émotions, tandis que le thérapeute écoute, analyse et communique des interprétations "profondes". Pour eux, il faut repérer des schémas de pensée et des croyances dysfonctionnelles en vue de les modifier de façon active et méthodique.
(...) Du point de vue théorique, les meilleures expressions sont peut-être "psychologie scientifique appliquée" ou "psychothérapie d’orientation scientifique".
Pour une description plus complète de la psychologie cognitive-comportementale et son historique, voyez: Le "dressage pavlovien" des freudiens. Comprendre le conflit psychanalyse - psychologie scientifique
Photo: Le divan de Freud