Entre 40 % et 60 % des personnes qui prennent des antidépresseurs décrivent un engourdissement ou émoussement émotif, rapportent les auteurs d'une étude publiée en janvier 2023 dans la revue Neuropsychopharmacology. Ces médicaments diminueraient non seulement l'intensité des émotions négatives mais également celle des émotions positives.
L'étude démontre une manifestation de cet effet.
Les chercheurs ont étudié les effets de l'escitalopram (Seroplex, Lexapro, Cipralex, Sipralexa...), un antidépresseur de la classe des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) qui est la plus prescrite, au moyen d'une série de tests cognitifs.
Ces tests impliquaient la cognition froide (c'est-à-dire n'engageant pas d'émotion : inhibition, flexibilité cognitive, mémoire) et la cognition chaude (impliquant l'affectivité : prise de décision, apprentissage par renforcement) chez des personnes sans dépression (afin d'isoler l'effet de l'antidépresseur de celui de la dépression).
Barbara Sahakian et Christelle Langley ont, avec leurs collègues des universités de Cambridge et de Copenhague, mené cette étude avec 66 volontaires, qui ont reçu 20 mg d'escitalopram ou un placebo pendant au moins 21 jours.
L'escitalopram réduisait la sensibilité au renforcement par rapport au placebo. Aucune autre différence significative entre les groupes n'a été constatée pour les tâches de cognition « froide » ou « chaude ».
Cette sensibilité réduite au renforcement pourrait refléter l'effet d'émoussement souvent signalé par les personnes qui utilisent les antidépresseurs ISRS, concluent les chercheurs.
« L'émoussement émotionnel est un effet secondaire courant des antidépresseurs ISRS. D'une certaine manière, c'est peut-être leur mode d'action : ils atténuent une partie de la douleur émotionnelle ressentie par les personnes souffrant de dépression, mais, malheureusement, il semble qu'ils enlèvent aussi une partie du plaisir
», commente Barbara Sahakian.
L'escitalopram fait partie de 8 antidépresseurs à éviter selon la revue Prescrire car ils « exposent plus que d’autres antidépresseurs à des risques graves, sans avoir une meilleure efficacité que les autres médicaments de la dépression, qui ont en général une efficacité modeste, souvent d’apparition lente
». (Citalopram et escitalopram : préférer d'autres antidépresseurs de la même classe, conseille Prescrire)
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(1) Sophia Armand, Qiang Luo, George Savulich, Tina Segerberg, Anna Søndergaard, Elisabeth B. Pedersen, Nanna Svart, Oliver Overgaard-Hansen, Annette Johansen, Camilla Borgsted, Rudolf N. Cardinal, Trevor W. Robbins, Dea S. Stenbæk, Gitte M. Knudsen
Psychomédia avec sources : University of Cambridge, Neuropsychopharmacology.
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