Les conflits sociaux, qu’il s’agisse de débats politiques ou de désaccords familiaux, peuvent facilement dégénérer en déclarations colériques et en attaques personnelles.
Une approche pour résoudre les désaccords consiste à adopter les caractéristiques que les psychologues associent à la sagesse, soulignent les auteurs d’une étude publiée en février 2021 dans la revue Psychological Science.
Mais l’application de ces caractéristiques peut être difficile, surtout lors d’affrontements. Une stratégie, montre l’étude, consiste à s’entrainer à l’avance à raisonner de manière plus sage.
« Notre idée fondamentale était d’entrainer les gens à voir les situations d’un point de vue plus détaché, à la troisième personne
», explique Igor Grossmann, de l’université de Waterloo (Canada).
L’« illéisme » (la pratique de référer à soi-même à la troisième personne) crée une distanciation qui aide à évaluer ses connaissances et reconnaitre leurs limites et à considérer des points de vue multiples, explique-t-il. Plutôt que de se dire « Je me sens blessé et en colère », une personne peut se dire, par exemple, « Elle se sent blessée et en colère ».
« Le point de vue de la troisième personne, cependant, n’est pas la position typique par défaut lors d’une conversation ou d’une interaction
», souligne le chercheur. « Nous avons pensé que par la pratique et l’entrainement, il est possible d’intégrer lentement cette approche.
» Pour tester leur hypothèse, les chercheurs ont mené deux expériences avec un total de 555 participants.
Dans la première, des participants étaient invités à tenir, pendant un mois, un journal quotidien dans lequel ils rapportaient les évènements importants de leur journée. Un groupe écrivait ses réflexions à la première personne et un autre, à la troisième personne.
La sagesse de leurs réflexions sur des situations hypothétiques de conflit social était évaluée avant et après l’expérience. Parmi les composantes de la sagesse évaluées : l’humilité intellectuelle, l’ouverture d’esprit sur la façon dont les situations pourraient se dérouler, la prise en compte de divers points de vue.
Le groupe ayant rédigé à la troisième personne a développé une approche plus sage dans sa façon de penser aux conflits comparativement à l’autre groupe qui a montré peu de changements.
La deuxième expérience, d’une durée d’une semaine, a ajouté un troisième groupe qui n’a reçu aucune instruction sur la façon d’écrire. Les résultats ont confirmé les conclusions de la première expérience.
L’étude montre l’efficacité de l’écriture de journaux quotidiens à la troisième personne pour améliorer la sagesse du raisonnement concernant les interactions personnelles difficiles, comparativement aux réflexions à la première personne et aux journaux sans instructions, conclut le chercheur.
« Les données suggèrent que cette amélioration s’est produite en partie parce que la réflexion distanciée a élargi le focus sur soi-même qui est généralement étroit.
»
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Psychomédia avec sources : Association for Psychologial Science, Psychological Science.
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