L'utilisation de la force excessive par les agents de police serait contagieuse, selon une étude publiée en août dans Criminology & Public Policy.

Andrew V. Papachristos, professeur de sociologie à la Northwestern University, et ses collègues ont examiné les dossiers de plus de 8 000 agents de police de Chicago cités dans des plaintes pour usage d'une force excessive entre 2007 et 2015.

« Nous avons constaté que les policiers impliqués dans des plaintes liées à la force excessive étaient plus susceptibles de travailler avec des collègues ayant des antécédents de tels comportements, ce qui donne à penser que les pairs peuvent servir d'intermédiaires sociaux dans l'apprentissage et la transmission de l'inconduite », explique le chercheur.

L'étude classait les plaintes dans la catégorie de l'usage excessif de la force si elles impliquaient l'utilisation excessive d'une arme à feu ou d'un dispositif à énergie conductrice, un contact physique inutile, ou un acte qui a entraîné des blessures ou la mort.

Les agents qui avaient une plus grande proportion de collègues précédemment cités dans les plaintes relatives au recours à la force étaient plus susceptibles d'être cités dans les plaintes subséquentes relatives à ce type d'inconduite.

« Ces constatations se sont maintenues même après avoir tenu compte des caractéristiques des policiers », indique le chercheur.

« Non seulement les agents apprennent-ils des comportements déviants de la part de leurs collègues, mais les réseaux dans lesquels ils s'associent avec ces collègues modifient leur perception des risques liés à l'inconduite, normalisant des comportements qui, autrement, seraient considérés déviants ou contraires à la formation et aux règlements », suggèrent les chercheurs.

Les auteurs recommandent que les services de police examinent comment l'affectation d'agents ayant des antécédents de recours à la force excessive influe sur le comportement des autres agents.

« Le fait de retirer temporairement du terrain les agents cités dans les plaintes de ce genre jusqu'à ce que les comportements problématiques soient réglés pourrait limiter les conséquences négatives de l'exposition », suggère le chercheur.

En moyenne, précise-t-il, les policiers avaient reçu moins de deux plaintes sur une période de 10 ans. Et moins de 3 % de tous les officiers étaient cités dans environ 27 % de toutes les plaintes. »

Psychomédia avec sources : Northwestern University, Criminology & Public Policy.
Tous droits réservés