Les symptômes d’épuisement professionnel varient considérablement selon les périodes de vie des travailleurs.
Néanmoins, ils se font surtout sentir au début de la vie professionnelle chez les hommes, alors que chez les femmes, ils se manifestent de 20 à 35 ans puis après 55 ans, selon une étude de l'Université de Montréal.
Alain Marchand, Nancy Beauregard et Marie-Eve Blanc ont analysé des données obtenues auprès de 2073 travailleurs de 63 entreprises québécoises du secteur privé dans une étude effectuée de 2009 à 2012.
Ils ont centré leur analyse sur trois composantes de l’épuisement professionnel :
- l’épuisement émotionnel (qui découle d’un surcroît d'effort) ;
- le cynisme ;
- la diminution de l’efficacité au travail.
« L’épuisement (ou abattement) émotionnel est la composante qui s’avère la plus déterminante dans l’apparition de l’épuisement professionnel au fil du temps
», ont-ils constaté.
« Globalement, le cynisme et l’épuisement émotionnel sont relativement faibles en début de carrière et s’accentuent jusqu’au début de la trentaine pour ensuite diminuer
», indique Alain Marchand. « Mais chez les femmes, l’abattement émotionnel augmente radicalement à partir de 55 ans.
»
Ainsi, les jeunes hommes sont plus à risque d’épuisement professionnel au début de leur vie active et ce risque faiblit jusqu’aux alentours de 30 ans.
Par contre, chez les femmes, ces symptômes s’accroissent de 20 à 35 ans, puis s’atténuent jusque vers la cinquantaine, après quoi ils s’amplifient à partir de 55 ans.
« Les études antérieures montraient que plus on vieillit, plus les symptômes d’épuisement professionnel s’estompent et c’est ce qu’on a vu chez nos sujets masculins, qui se sont vraisemblablement adaptés à leur travail ou qui ont obtenu de meilleures conditions de travail, mais les résultats pour les femmes différaient considérablement
», explique le chercheur.
Il fait l'hypothèse que, chez les femmes, après avoir acquis une certaine aisance au travail, elles font face à des problèmes de conciliation travail-famille de façon plus prononcée que les hommes. « L’amplification des symptômes d’épuisement professionnel chez les femmes, à partir de 55 ans, pourrait découler d’une double pression, soit celle d’être performante au travail et celle de devoir venir en aide à un parent âgé
».
« Le vieillissement de la main-d’œuvre est une tendance démographique lourde depuis plusieurs années et il pose notamment la question du maintien de la force de travail pour éviter les retraites précipitées
», souligne Alain Marchand. « Or, les femmes auraient tendance à partir à la retraire plus tôt que les hommes possiblement à cause de symptômes d’épuisement plus marqués.
»
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Psychomédia avec source : Université de Montréal.
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