Les croyances ne reposent pas toujours sur les faits, notamment parce qu'elles peuvent répondre à des motivations psychologiques (telles que maintenir une vision du monde, une identité ou une appartenance…), ont illustré plusieurs études.
Ainsi, mentionne le journaliste Tom Jacob dans Pacific Standard, si le besoin de sécurité exige de percevoir la société comme équitable et juste, les gens seront plus susceptibles de rejeter les évidences d'inégalité économique et de brutalité policière.
Il fait ainsi référence à un étude récente des psychologues Troy Campbell et Aaron Kay de l'Université de Duke montrant que les gens qui n'aiment pas les solutions proposées à des problèmes (dans ce cas : réchauffement climatique, criminalité) sont plus susceptibles de nier ces problèmes.
Mais qu'arrive-t-il, lorsque les gens sont confrontés à des données qui contredisent leurs croyances.
Dans une nouvelle étude, publiée dans le Journal of Personality and Social Psychology, ces chercheurs et Justin Friesen de l'Université York proposent qu'ils seront plus susceptibles d'intégrer dans leur systèmes de croyances (par exemples, religieux ou politique) des aspects non vérifiables qui ne peuvent être testés et réfutés de manière empirique et concluante.
Dans deux expériences, ils montrent une fonction offensive à la non vérifiabilité: des arguments non vérifiables permettaient à des participants de défendre leurs croyances religieuses avec plus de conviction et à des partisans politiques de polariser et critiquer leurs adversaires plus fortement.
Dans deux autres expériences, les chercheurs montrent une fonction défensive: quand les faits menaçaient leur vision, les participants choisissaient des arguments qui étaient davantage infalsifiables ("opinion moral") plutôt que falsifiables (des faits vérifiables).
Par exemple, des participants lisaient un texte dans lequel il était exposé que des découvertes dans le domaine de la physique (boson de Higgs) remettaient en cause l'existence de Dieu ou lisaient un texte dans lequel il était exposé que ces découvertes ne remettaient pas les croyances religieuses en cause. Ils devaient ensuite ordonner 10 raisons de croire en Dieu. Ceux qui avaient lu le texte menaçant la croyance priorisaient davantage les arguments non vérifiables.
Les chercheurs concluent en discutant comment dans un monde où les croyances et les idées sont de plus en plus facilement vérifiables par des données, les arguments dont la véracité ne peut être vérifiée peuvent être attrayants à inclure dans les systèmes de croyance et comment ils peuvent contribuer à la polarisation et à la marginalisation de la science dans le discours public.
Les croyances religieuses n'ont pas le monopole de la non-vérifiabilité, souligne la journaliste Jesse Singal dans Science of Us. La psychanalyse, par exemple, contient beaucoup de croyances non vérifiables.
Voyez également de la même équipe de chercheurs:
- Pourquoi les gens défendent-ils des systèmes injustes, incompétents et corrompus?
- De l'ignorance à la confiance envers les gouvernements
Psychomédia avec sources: Journal of Personality and Social Psychology, University of Duke, Pacific Standard, Science of us
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