Les explications biologiques pour les problèmes de santé mentale suscitent moins d'empathie que les explications psychologiques chez les professionnels tels que les psychiatres, les psychologues et les travailleurs sociaux, selon une étude publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS).
Ce qui va à l'encontre de la croyance largement répandue selon laquelle les explications biologiques pour les symptômes psychiatriques devraient aider à diminuer le blâme envers la personne et entraîner la compassion.
Matthew Lebowitz et Woo-kyoung Ahn du département de psychologie de l'Université Yale et ses collègues ont demandé à 343 cliniciens de lire des vignettes décrivant des patients fictifs atteints de phobie sociale, schizophrénie, dépression et trouble obsessionnel-compulsif. Les description de cas étaient accompagnées d'explications basées entièrement ou partiellement sur la génétique et la neurobiologie ou sur les expériences de l'enfance et les circonstances stressantes de la vie.
Par exemple, l'explication biologique pour la grande timidité d'un étudiant indiquait que sa mère et son frère étaient aussi timides et qu'un technicien en IRM avait constaté qu'une partie du cerveau impliquée dans la crainte était plus active que la normale. L'explication psychosociale offrait plutôt des détails de son histoire tels que l'intimidation dans l'enfance.
Les cliniciens avaient tendance à exprimer moins d'empathie et de compassion pour les patients dont les symptômes étaient présentés avec une explication utilisant des facteurs biologiques. Ils avaient aussi tendance à considérer que la psychothérapie était moins susceptible d'être efficace.
Ces résultats sont consistants avec des recherches précédentes qui ont suggéré que des compte-rendus biologiques de la psychopathologie peuvent exacerber la perception des patients comme étant anormaux, différents du reste de la population et gouvernés par des anomalies biologiques plutôt que par leur libre arbitre humain. Ils peuvent avoir un effet déshumanisant en réduisant les gens à de simples mécanismes biologiques.
Il est important de ne pas perdre de vue, soulignent les chercheurs, que les conditions de santé mentale résultent d'une interaction entre des facteurs psychologiques et des facteurs biologiques.
En effet, les mécanismes cérébraux liés à des conditions de santé mentale sont souvent interprétés à tort comme jouant un rôle causal alors que le vécu psychologique influence aussi la biologie.
Psychomédia avec sources: Yale, PNAS, Reuters
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