Ulrike Boehmer et ses collègues de l'Université de Boston ont analysé une enquête menée en 2002 auprès de 6000 femmes.Les lesbiennes étaient 2.69 fois plus susceptibles d'être en surpoids et 2.47 fois d'être obèses. Ce qui représente un facteur de risque particulier pour leur santé.
La recherche ne permettait pas d'analyser les causes de cette différence qui demeurent à explorer.
Les auteurs ont analysé de plus petites études qui indiquaient également une plus grande prévalence de l'obésité chez les lesbiennes. Certaines de ces études suggéraient que les femmes lesbiennes auraient une meilleure image corporelle que les femmes hétérosexuelles. Pour un même excès de poids, elles auraient moins tendance à percevoir qu'elles sont en surpoids et seraient plus satisfaites de leur apparence.
Comme la différence de poids n'est présente que chez les femmes lesbiennes et non pas chez les bisexuelles, cela suggérerait, selon Mme Boehmer, que les relations sexuelles avec les hommes ou le désir d'attirer les hommes pourraient jouer un rôle dans la façon dont les femmes se sentent par rapport à leur corps. Mais ce n'est qu'une explication possible.
Susan D. Cochran, psychologue et professeur d'épidémiologie à l'Université de Californie à Los Angeles, commente: "Il y a d'autres facteurs, à part l'orientation sexuelle, qui affectent le poids chez les femmes. Par exemples, être mariée ou non, avoir des enfants ou non et sentir une pression pour rester mince. Dans une recherche, datant de quelques années, sur la question de l'attrait physique dans les couples, les lesbiennes semblaient mettre moins de pression sur leurs partenaires", rapporte-t-elle.
Un facteur pourrait être une réaction à l'ostracisme. Certaines femmes pourraient avoir tendance à manger plus parce qu'elles se sentent ostracisées et seules.
Un autre facteur fort plausible, que n'évoquent pas ces chercheurs, est génétique. Le même facteur génétique qui contribue à l'orientation sexuelle pourrait rendre plus difficile le contrôle du poids.
Les chercheurs comptent vérifier, dans leurs prochaines recherches, s'il y a des différences dans les choix alimentaires et l'activité physique chez les lesbiennes comparativement aux femmes hétérosexuelles. Une étude comparant 325 lesbiennes à 325 hétérosexuelles en 2003 (menée par Stephanie Roberts de l'Université de Californie à San Francisco) indiquait que les lesbiennes auraient davantage tendance à maigrir puis reprendre leur poids régulièrement.