Une région du chromosome 1 du génome humain présente la caractéristique unique de contenir un gène, l'amylase salivaire (AMY1), qui, au lieu d'être présent en 2 copies (une du père, une de la mère) comme les autres gènes, est présent dans un nombre de copies variant de 1 à 20.
Le nombre de copies de ce gène, qui est impliqué dans la digestion des sucres (glucides) complexes (amidons), est lié à l'obésité, selon une étude publiée dans la revue Nature Genetics.
Les sucres complexes (amidons) se trouvent dans les aliments féculents tels que céréales, le pain, les légumes secs, les pommes de terre, les pâtes…
Philippe Froguel de l'Université de Université Lille et ses collègues français et britanniques ont étudié des fratries suédoises discordantes pour l'obésité.
Leur analyse montre que les personnes qui ont le plus petit nombre de copies d'amylase salivaire (et ainsi peu d'enzyme amylase dans leur sang) ont un risque 10 fois plus élevé de devenir obèses. Chaque copie de ce gène en moins augmente de 20% le risque d'obésité. Ces travaux montrent ainsi, pour la première fois, un lien génétique entre la digestion des glucides complexes et l'obésité.
"Si au niveau d'une population entière c'est l'environnement délétère qui favorise l'obésité, au niveau individuel les facteurs génétiques expliquent 70% du risque génétique des personnes prédisposées à l'obésité
", disent les chercheurs. Les études récentes pan-génomique ont identifié 70 gènes de l'obésité, mais leur impact est faible et n'explique qu'une petite partie du risque génétique (4%).
A lui seul, le gène de l'amylase salivaire explique près de 10% du risque génétique.
Il existe 2 formes d'amylase, l'une produite par le pancréas et l'autre par les glandes salivaires et seule la forme salivaire semble associée à l'obésité.
On ne connait pas encore pourquoi la déficience en amylase salivaire favorise l'obésité : deux hypothèses sont envisagées, expliquent les chercheurs. D'une part la mastication des aliments et leur digestion partielle dans la bouche pourrait avoir un effet hormonal entraînant la satiété qui serait diminuée en cas de déficience en AMY1. D'autre part, la mauvaise digestion des amidons pourrait modifier la flore intestinale et ainsi contribuer indirectement à l'obésité voire au diabète comme le suggèrent des études réalisées chez des personnes à haute ou basse amylase salivaire. Ainsi les personnes à basse amylase salivaire ont une glycémie anormalement élevée quand ils mangent de l'amidon.
Ces résultats ouvrent des perspectives importantes de prévention et de traitement plus efficaces de l'obésité prenant en compte la digestion des aliments et leur devenir intestinal, soulignent les chercheurs.
Psychomédia avec source: CNRS.
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