Selon la thèse de la sociologue franco-espagnole Sandra Gavira "Quitter ses parents. Devenir adulte en Espagne et en France", le départ de la maison familiale ne se fait pas de la même façon en France et en Espagne.
"En Espagne, l'idée de vivre seul n'est ni appréciée ni valorisée, on l'assimile à la solitude affective. Toute la société est imprégnée de la croyance que l'on vit plus équilibré et mieux si l'on est accompagné. Vivre seul, volontairement, est codé comme «il n'arrive pas à supporter les autres» ou «il est tellement imbuvable que personne ne veut vivre avec lui». Pour les jeunes qui s'en vont de chez leurs parents, c'est que «le climat familial n'est pas bon, les parents n'ont pas su les retenir». La plupart des jeunes Espagnols passent directement du foyer familial au foyer conjugal, et ceux qui sont obligés de quitter la maison pour leurs études ou trouver du travail pratiquent la colocation, dès le lycée parfois.
Ce mode de vie commence à se répandre en France pour des raisons économiques, mais en Espagne c'est ancien et culturel. Même ceux qui auraient les moyens de se payer 100 m2 préfèrent partager un appartement.
En France, au contraire, vivre seul est connoté positivement. On parle d'autonomie, et le jeune qui s'incruste au-delà de 23-24 ans est considéré comme atypique, voire problématique. Quand on est adulte, vivre seul n'est pas forcément une tare, c'est la marque que l'on se suffit à soi-même, que l'on est indépendant. Et pour les personnes âgées, que l'on n'est pas une charge pour ses enfants."
Source: Liberation