Les personnes atteintes de douleur chronique qui prennent plusieurs médicaments (autres que ceux de la classe des antidouleur opiacés) peuvent présenter des effets secondaires cognitifs, selon une étude présentée au congrès annuel de l'American Academy of Pain Medicine.
Cady Block de l'Université d'Alabama à Birmingham et ses collègues ont mené cette étude avec 30 personnes atteintes de douleur chronique qui prenaient en moyenne 3,93 médicaments et un groupe de comparaison de 30 personnes sans douleur et prenant en moyenne 1,20 médicaments.
Les chercheurs ont utilisé une échelle de sévérité de l'effet anticholinergique des médicaments pour calculer l'effet cumulatif des médicaments pris par les participants. Ces derniers ont aussi complété plusieurs tests neuropsychologiques pour mesurer leur vitesse psychomotrice, leur attention et leur concentration, leur mémoire et leurs fonctions exécutives (qui concernent la coordination, la planification…).
Des médicaments courants qui ont des effets anticholinergiques incluent ceux qui concernent la douleur (ex.: atropine, codéine), le sommeil (alprazolam, amitriptyline), l'humeur (bupropion, l'halopéridol), l'inconfort gastro-intestinal (dimenhydrinate, lopéramide) et les problèmes cardiaques (aténolol, dipyridamole).
Un médicament anticholinergique inhibe (réduit) la transmission du neurotransmetteur acétylcholine (qui intervient dans le cerveau et le système nerveux parasympathique) sur les sites de certains récepteurs, ce qui entraîne des effets sur l'attention, l'apprentissage et la mémoire à court terme.
Les participants qui prenaient les médicaments qui cumulaient le plus grand pointage anticholinergique étaient ceux âgés entre 30 et 39 ans et cela même s'ils ne prenaient pas un plus grand nombre de médicaments que les personnes plus âgées.
Ceux dont les médicaments cumulaient le plus grand score semblaient être affectés au niveau des fonctions exécutives.
Mais généralement les personnes âgées étaient plus affectées par l'effet anticholinergique car, avec le vieillissement, le système nerveux devient plus sensible à ces médicaments.
Cette étude rappelle, dit la chercheuse, que lorsque plusieurs médicaments sont nécessaires, il y a lieu de considérer des options qui n'augmentent pas le risque de dysfonction cognitive.
La polymédication chez les personnes qui souffrent de douleur chronique est un problème croissant, dit-elle. Ces personnes prennent des médicaments non seulement pour leur douleur, mais aussi contre la dépression, l'anxiété, les troubles du sommeil et contre les effets indésirables de médicaments, tels que constipation et la somnolence. Et, certains ajoutent à cela des médicaments disponibles en vente libre.
Consulter l'échelle : Anticholinergic Cognitive Burden (ACB) Scale.
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