La prescription de médicaments pour le traitement d'autres affections que celles pour lesquelles ils ont été approuvés par Santé Canada est de plus en plus répandue au Canada et devrait faire l'objet d'une surveillance, estiment des experts.
Robyn Tamblyn, directrice scientifique des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) et chercheuse à l'Université McGill (Montréal), a proposé, la semaine dernière au Comité du sénat sur les affaires sociales, les sciences et la technologie la mise en place d'un système national de surveillance de ces usages.
Une étude, publiée en 2012, dont elle était coauteure avec le Pr Tewodros Eguale, montrait que, chez 113 médecins de première ligne de Montréal et de Québec ayant rédigé 253 347 ordonnances électroniques pour 50 823 personnes, 11 % des médicaments étaient prescrits pour une indication non approuvée.
Dans 79 % des cas, cette indication n'était pas solidement étayée par des données scientifiques probantes. La plupart des médicaments prescrits pour des usages non réglementés étaient des anticonvulsivants (anti-épileptiques), des antipsychotiques (neuroleptiques) et des antidépresseurs. (Voyez : Antipsychotiques, antidépresseurs et anticonvulsivants largement prescrits de façon non conforme au Québec.)
Jusqu'à maintenant, l'information n'est pas compilée, il y a donc très peu de recherches sur le sujet. Sauf pour le Québec, les provinces n'obligent pas les médecins à inscrire pourquoi ils prescrivent un médicament. Mais l'infrastructure est en place pour un système de surveillance qui exigerait que les médecins et les pharmaciens notent cette information sur les prescriptions électroniques.
Rappelons que la prescription de médicaments hors des usages approuvés par les autorités de santé est légale. Elle peut, dans certaines circonstances, être appropriée. Mais dans l'ensemble, le problème est que les usages non approuvés n'ont pas été testés et ils exposent les consommateurs à des effets secondaires potentiels qui n'ont pas été évalués en fonction du bénéfice (balance risques/bénéfices).
Psychomédia avec source : Globe and Mail
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