De nombreux médicaments consommés régulièrement par les personnes âgées augmentent les risques de déclin cognitif et de mortalité, surtout lorsqu'ils sont combinés, selon une étude britannique publiée dans le Journal of the American Geriatrics Society. Ces médicaments sont utilisés pour le traitement de nombreuses conditions de santé.
Ces médicaments, vendus sans ordonnance ou prescrits, ont un effet anticholinergique, c'est-à-dire qu'ils réduisent les effets du neurotransmetteur acétylcholine (un neurotransmetteur est une molécule qui permet le «passage» de l'influx nerveux d'une cellule nerveuse à l'autre).
L'acétylcholine est le neurotransmetteur du système nerveux parasympathique. Ce dernier innerve les cellules des muscles lisses, du muscle cardiaque, des glandes et des cellules du système immunitaire. L'activation de ce système amène un ralentissement général des fonctions de l'organisme. Le rythme cardiaque et l'activité respiratoire sont ralentis et la tension artérielle diminuée alors que la fonction digestive est favorisée. Un médicament anticholinergique inhibe ce système.
Des médicaments ayant une action anticholinergique incluent notamment des antidépresseurs, des tranquillisants (anxiolytiques), des antiépileptiques, des antitussifs, des antihypertenseurs, des diurétiques, des antiashmatiques contenant la diphenhydramine (dont certains utilisés comme somnifères), des médicaments utilisés pour le traitement du glaucome et des médicaments utilisés pour le traitement des incontinences urinaires.
Chris Fox, chercheur en psychiatrie à l'Université de East Anglia et Carol Brayne de l'Université de Cambridge ont, avec leurs collègues, mené cette étude avec 13.000 personnes de plus de 65 ans pendant deux ans. Ils ont évalué l'effet anticholinergique de 80 médicaments sur une échelle de 1 (léger) à 3 (sévère). Environ la moitié des participants s'étaient fait prescrire certains de ces médicaments. Selon certains commentateurs, cette proportion pourrait aujourd'hui être plus élevée (les données de l'étude ayant été recueillies il y a plusieurs années).
Entre 1991 et 1993, 20 % des participants qui prenaient des médicaments qui totalisaient un score de 4 ou plus ayant un effet anticholinergique sont décédés durant les deux années de l'étude comparativement à 7 % de ceux n'en prenant pas. Plus le score était élevé également, plus le déclin cognitif était important. Et ce, après avoir tenu compte dans les analyses de l'influence de différents facteurs tels que les maladies sousjacentes.
Les personnes qui souffrent d'un effet anticholinergique peuvent notamment avoir la bouche sèche, des étourdissements, une vision trouble, une difficulté à uriner et se sentir confus.
Les chercheurs recommandent de ré-évaluer régulièrement les médicaments (sur ordonnance et en vente libre) pris par les personnes âgées afin d'éviter de combiner plusieurs médicaments ayant une action anticholinergique. Il existe souvent, soulignent-ils, des alternatives n'ayant pas cet effet anticholinergique. Par ailleurs, les personnes âgées qui prennent plusieurs médicaments devraient s'informer auprès d'un pharmacien avant d'acheter des médicaments en vente libre. Il est aussi recommandé de tenir une liste de tous les médicaments qui sont pris afin de faciliter le travail du médecin.
Psychomédia avec sources: Le Figaro, Science Daily, BBC, The Telegraph
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