Au lendemain de l'annonce de la création d'un fonds public d'indemnisation pour les victimes du Mediator, le ministre français de la Santé, Xavier Bertrand, a affirmé jeudi que ce n'est pas le contribuable "qui paiera à la place de Servier". Il entend, précise-t-il, se retourner contre ce dernier pour se faire rembourser.

Ce fonds concernera toutes les victimes et devrait être mis en place avant l'été. Il offrira une "indemnisation intégrale" tout en garantissant aux victimes leur droit d'intenter une action pénale si elles le souhaitent.

L'Office national d'indemnisation des accidents médicaux, des affections iatrogènes et des infections nosocomiales (Oniam) recevra la demande d'une victime. Après constatation du préjudice, l'office se tournera aussitôt vers Servier, pour "demander une indemnisation de cette personne pour un montant précis", a expliqué le ministre.

Soit Servier règle directement la note, soit il refuse l'indemnisation. Dans ce cas, l'ONIAM pourra, après avoir indemnisé les victimes, saisir la justice pour se faire rembourser ces sommes. Dans ce cas, Servier "pourra se voir appliquer une pénalité pour ne pas avoir accepté la demande initiale".

  • L'Association des victimes de l'Isoméride et du Mediator (Avim) salue la création de ce fonds, en déplorant l'échec des négociations avec les laboratoires Servier. L'Avim a déjà déposé 616 plaintes pour homicides et blessures involontaires au nom de victimes du Mediator.

La Fédération nationale des accidentés du travail et des handicapés (FNATH) a également salué la création de ce fonds, tout en estimant qu'"à ce stade il ne s'agit que d'une belle coquille vide", rapporte Le Nouvel Observateur. L'association explique que "la création d'un fonds d'indemnisation doit poursuivre deux objectifs: d'une part, permettre une indemnisation rapide des victimes et, d'autre part, éviter des contentieux de masse". Or, "à ce stade, rien ne permet de garantir que ces deux objectifs seront remplis".

La procédure mise en place va prendre du temps. L'Association française des diabétiques, notamment, redoute que les victimes soient séduites par les transactions que proposera Servier, au cas par cas, selon ses critères, mais plus rapidement…, rapporte Le Monde.

Selon un rapport remis à la mi-janvier par l'Inspection des Affaires sociales (Igas), Servier, deuxième laboratoire français, a commercialisé pendant plus de 30 ans le Mediator en France comme un antidiabétique alors qu'il s'agissait d'un plutôt d'un coupe-faim dont il connaissait la dangerosité. Cinq millions de Français en auraient pris entre 1976 et 2009. Le médicament aurait fait entre 500 et 2 000 morts.

  • Le 18 mars, l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) a publié sur son site un document qui fournit, pour les patients, des informations sur les risques cardiovasculaires associés au Mediator. Deux types de complications distinctes y sont décrites: des valvulopathies et l'hypertension artérielle pulmonaire. Lire le document sur le site de l'Afssaps.

Le Point, Le Nouvel Observateur
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