Entre 2002 et 2006, en ce qui concerne ces trois classes de médicaments seulement, qui représentent 14 % des prescriptions annuelles, les prescriptions "irrationnelles" auront coûté au minimum 650 millions d'euros à la Sécurité Sociale, conclut l'association.
- Le coût est estimé à 303 millions d' euros pour les anti-ulcéreux (les "IPP", Inhibiteurs de la pompe à protons, médicaments bloquant la sécrétion acide de l'estomac). "Dès 2001, les laboratoires ont contourné l'arrivée des génériques en 2002 en incitant les médecins de ville à prescrire un nouveau médicament (l'Inexium) dont les ventes se sont fortement accélérées. Or, ce médicament non génériquable, non innovant et pas plus efficace, est en revanche plus coûteux pour la collectivité."
- Pour les anti-inflammatoires non stéroïdiens (des exemples de cette classe sont l'aspirine et l'ibuprofène), le coût serait de 222 millions d'euros. "Les médecins ont préféré prescrire en masse l'ART 50 alors même que son efficacité est jugée inférieure à d'autres médicaments pourtant plus efficaces et moins coûteux pour la collectivité.
- Pour les médicaments antihypertension artérielle (classes Sartans et IEC) les coûts s'élèveraient à 125 millions d'euros. "La prescription est doublement irrationnelle : les dépenses progressent de 54 % entre 2002 et 2006 alors que rien n'indique une augmentation de la population cible, ou une meilleure prise en charge des malades. Enfin, les médecins ont préféré prescrire les «Sartans» au détriment des «IEC» alors même qu'ils sont, selon deux études de référence, moins efficaces et plus coûteux pour la collectivité."
Selon l'association, les laboratoires pharmaceutiques ont, notamment par leurs visiteurs médicaux et par le biais de la formation continue, façonné l'information des médecins.
"(...), les montants consacrés à l’information médicale par l’industrie pharmaceutique sont estimés à 2,4 milliards d’euros en 2004, dont 2 milliards au titre des seules visites médicales, selon un rapport, émanant des laboratoires pharmaceutiques. Avec une force de frappe de 23 000 visiteurs médicaux, recensés en France, qui frappent aux portes des médecins.
Surtout, la formation médicale continue en France a une particularité: prévue par la loi pour tous les médecins, «elle est financée à 90 % par l’industrie pharmaceutique». Rappelant que «près de 92 % des consultations se terminent par une ordonnance», l’UFC-Que choisir souligne «l’urgence d’équilibrer davantage l’information du médecin»." (Libération)
C'est pourquoi, l'association propose la création d'un corps de 1.700 visiteurs médicaux (en remplacement des délégués de l'assurance maladie) sous la responsabilité de la Haute Autorité de Santé et financés pour moitié par les laboratoires.
UFC-Que Choisir avait également critiqué en janvier dernier un projet de loi sur les programmes "d’accompagnement" des patients par les compagnies pharmaceutiques qui a été abandonné après avoir été vivement critiqué par des associations de consommateurs et des syndicats de médecins. Ces programmes consistaient notamment à inciter les patients, par contact téléphonique ou visite à domicile, à bien prendre leurs médicaments.
Le Leem (Les Entreprises du médicament) vient de récidiver en présentant la semaine dernière à la Commission des Affaires sociales du Sénat une nouvelle proposition sur les programmes d'"aides à l'observance".
Psychomédia avec sources: UFC-Que Choisir, Libération