L'augmentation de l'âge des femmes lors de leur première grossesse et la baisse de la qualité du sperme des hommes amèneront au cours des prochaines années une plus grande difficulté pour les couples à concevoir selon une recherche de l'Inserm-Ined publiée dans la revue Human Reproduction.
Depuis une quinzaine d'années, une détérioration de la fertilité masculine mesurée notamment par les caractéristiques spermatiques chez les candidats au don de sperme est constatée.
Cette détérioration est attribuée principalement aux facteurs liés à l'environnement comme la présence de pesticides ou de polluants. Une étude a montré que le déclin progressif de la concentration spermatique sur un délai de 45 ans pourrait diminuer de 15 % la fécondabilité des couples.
Par ailleurs, l'âge auquel les femmes souhaitent leur premier enfant a augmenté de près de 5 ans dans les trente dernières années.
Les chercheurs Henri Leridon et Remy Slama ont cherché à évaluer l'impact de ces facteurs sur la natalité française. Pour ce, ils ont mis au point un modèle de simulation du comportement reproductif d'une population de 100000 femmes nées vers 1968.
Les résultats montrent qu'une baisse de 15 % de la fécondabilité entraînerait une augmentation de 73% d'éligibilité à la procréation médicalement assistée compte tenu de l'échec des couples à procréer pendant plusieurs années.
Cette tendance serait encore plus marquée par le report des grossesses. Le délai supplémentaire de 69 mois entraînerait une hausse de près de 80 % d'éligibilité à la procréation médicalement assistée. Alors qu'un couple sur 10 a actuellement recours à la procréation médicale assistée pour avoir un enfant, ce pourrait alors être le cas d'un couple sur 5.
Or, "ces techniques sont assez peu efficaces chez les demandeurs d'âge avancé. Les couples qui retardent toujours le moment d'avoir un enfant doivent en être avertis", commente le Dr Leridon.
Les facteurs étudiés auront cependant un effet relativement limité sur la fécondité au niveau de la population. Le nombre d'enfants par femme passerait de 2,00 à 1,92 si la fécondabilité diminuait de 15 %; et à 1,77 si toutes les femmes reportaient leur première grossesse de 69 mois, soit près de six ans. L'âge moyen à la maternité serait alors de 33 ans.
PsychoMédia avec sources:
Inserm, Communiqué de presse
Europe 1