Les joueurs pathologiques souffrent d'un biais d'optimisme qui modifie leur représentation des probabilités et qui influence leurs décisions, selon une étude française publiée dans la revue Psychological Medicine. Cette caractéristique aide à expliquer et à anticiper la vulnérabilité de certaines personnes face aux jeux d'argent.
Un nombre croissant de joueurs souffrent de jeu pathologique, qui consiste en une incapacité à limiter la fréquence et la hauteur des mises dans des jeux d'argent.
Ce trouble qui est considéré tantôt comme un trouble du contrôle des impulsions, tantôt comme une addiction comportementale (1).
L'aptitude à raisonner en termes probabilistes n’apparaît qu'à un stade avancé du développement intellectuel humain (la notion de probabilité n'étant généralement saisie que vers l'âge de 11 ou 12 ans, indiquent les chercheurs). Des travaux à la fin des années 1970 ont déjà aidé à comprendre les difficultés éprouvées face aux situations comportant des risques ou des incertitudes. Ces difficultés se traduisent par le développement et le maintien chez l'adulte de biais cognitifs tels que le très fréquent biais de distorsion des probabilités (identifié par les prix Nobel Kahneman et Tversky en 1979, qui se caractérise par le fait de surestimer les petites probabilités et de sous-estimer les fortes).
Pour vérifier l'implication d'un tel biais cognitif, Jean-Claude Dreher de l'Université Claude Bernard Lyon 1 (CNRS) et ses collègues ont mené cette étude avec deux groupes de 20 hommes, l'un de joueurs pathologiques et l'autre de personnes n'ayant pas de problème avec les jeux d'argent.
Les résultats confirment l'hypothèse générale d'une perturbation de la représentation des probabilités associée au jeu pathologique. Mais plutôt que de présenter le biais de distorsion des probabilités, les joueurs présentaient plutôt un biais d'optimisme plus général: quelle que soit la probabilité objective de gagner sur un pari risqué, ils ont tendance à agir comme si cette probabilité était supérieure à ce qu'elle est réellement. L'intensité de ce biais est significativement corrélée à la sévérité des symptômes.
Des études futures pourraient notamment viser à vérifier si le rapport particulier aux probabilités des joueurs pathologiques s'accompagne d'une sensibilité accrue aux récompenses et/ou d'une insensibilité aux pertes monétaires, mentionnent les chercheurs (des études ayant déjà montré que, dans des situations de risque, les gens ont normalement tendance à être plus sensibles aux pertes qu'aux gains).
(1) Alors que le DSM-IV classait le jeu pathologique dans les troubles du contrôle des impulsions, le DSM-5 classe le trouble de jeu dans les troubles liés à des substances et troubles d'addiction.
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