Fibromyalgique, j'ai pris du Rivotril pour le syndrome des jambes sans repos pendant plus de 6 ans sans réel bénéfice avant de découvrir qu'il ne fallait pas en prendre plus de quelques semaines. J'en ai alors parlé au médecin qui me le prescrivait, qui m'a dit de ne pas en tenir compte, que les labos inscrivaient ça pour ne pas engager leur responsabilité en cas de problème mais qu'il n'y avait aucun risque.
Quand la prescription du Rivotril n'a plus été autorisée "hors indication" et seulement par un neurologue, mon médecin ne m'a pas avertie, je ne l'ai appris qu'au dernier moment un jour où je venais faire le renouvellement : mon généraliste m'a dit que ce n'était possible. J'étais à la fin de mon dernier flacon, j'ai donc dû l'arrêter brutalement. Comme je m'inquiétais de ce sevrage brutal, mon médecin m'a rassuré en me disant que ça allait juste me faire comme une petite grippe pendant quelques jours, qu'il n'y avait aucun autre risque (là-encore).
Le sevrage a été horrible : douleurs partout, tremblements, faiblesse extrême, maux de tête, impossible d'avaler quoi que ce soit, diarrhées, nausées, vomissements, bouffées de chaleur, transpiration hyper abondante soudaine jour et nuit, insomnie quasi totale, crises d'angoisse, humeur massacrante, moral en dessous de zéro, impossibilité de me concentrer, début d'insuffisance rénale que je pense liée contrairement à mon docteur... et j'en passe... et malheureusement la majorité de ces symptômes de sevrage perdurent encore aujourd'hui, deux ans après, et ont transformé ma personnalité, faisant fuir mes proches, et je les comprends. Je déteste celle que je suis devenue...
Mon système nerveux en a pris un coup. Je suis devenue hypersensible au bruit, à la lumière, aux odeurs, à tout ; et particulièrement au stress, que je ne gère plus du tout. J'ai un affreux goût métallique dans la bouche qui ne part plus. J'ai sans arrêt des picotements, fourmillements, engourdissements dans les mains, les jambes, les pieds, des vibrations dans tout le corps, des sensations désagréables. Je suis devenue très irritable alors que je ne l'étais pas du tout. J'ai perdu toute patience alors que j'étais très patiente. J'ai des problèmes digestifs que je n'avais pas avant. Je passe mes nuits à me tourner sans trouver le sommeil, et je me réveille épuisée. J'ai de nombreux troubles cognitifs, des problèmes intenses de concentration, de mémoire. Mes acouphènes, que le Rivotril avait atténués, sont devenus dix fois plus fort qu'avant, insupportables, nuit et jour. Le syndrome des jambes sans repos pour lequel on me l'avait prescrit est devenu invivable, et alors qu'il n'était que la nuit jusque-là il est devenu présent le jour aussi.
Et surtout, depuis j'ai sombré dans une dépression intense et résistante aux anti-dépresseurs (qui l’exacerbent et me donnent envie de me tuer) dont je ne parviens pas à sortir.
J'ai appris depuis que la dépression était un des "effets secondaires à long terme" possible des benzodiazepines. J'ai appris tous les risques qu'il y a à les arrêter brutalement. J'ai appris l'existence du syndrome de sevrage prolongé. J'ai appris plein de choses que j'aurais dû savoir !
Comment se fait-il qu'on ne m'ait jamais parlé de ça ? Que je n'ai jamais eu le moindre avertissement concernant les risques ? Qu'on m'ait affirmé qu'il n'y en avait pas quand je m'en suis inquiétée ? Que mon docteur m'ait laissé arrêter brutalement sans me prescrire de quoi m'aider, alors que je courais ce risque ? Qu'il m'ait prescrit si longtemps ce produit qui ne doit être pris que sur un court terme ?
J'en veux terriblement à mon médecin. Le Rivotril et lui ont foutu ma vie en l'air, ce n'est plus une vie, j'en crève à petit feu.