AUQMN
Bonjour à tous.
Je prends grand intérêt à la lecture des messages de ce forum et j'apprécierais vos opinions sur une pratique qui m'est familière depuis des années mais qui me paraît plutôt singulière car je ne connais personne qui agisse de même.
Depuis l'âge de 6 ans environ (je souffrais d'insomnie et me racontais des histoires pour m'endormir), je me suis peu à peu construit une multitude de mondes et de personnages imaginaires. J'ai l'habitude de m'incarner en mes héros et de vivre une histoire de leur point de vue. Il y a quelques années, j'ai réalisé que mes multiples personnages pouvaient en fait être ramenés à 4 personnalités distinctes (les personnages principaux, ceux dont je prends l'identité, pas les personnages secondaires). Je parle d'eux comme de mes alter egos imaginaires. Ils sont moi et pourtant ils sont autres. Je les aime et j'aime devenir eux. Lorsque je suis déprimée, ils me confortent, en ce sens que je me projette dans l'un d'eux et que je lui fais vivre une histoire où il reçoit l'aide ou l'affection qui me fait défaut dans la réalité. De façon générale, ces personnages et leurs multiples vies (car je choisis une personnalité, mais je peux la placer dans n'importe quelle situation, elle n'est pas liée à un scénario fixé même si elle a un passé propre - un passé d'histoires dans laquelle elle a joué le premier rôle) me servent d'exutoire. Je puis me déchaîner et commettre des actes de violence, ou pleurnicher et m'apitoyer sur mon sort quand je suis l'un des Quatre - ce que je m'interdis dans la réalité.
Je passe énormément de temps dans mes mondes imaginaires, la nuit bien sûr, mais aussi en nageant, dans le métro, en marchant, bref dès que la réalité commune ne requiert qu'un degré d'attention minimal. Je m'immerge encore plus intensément dans mes mondes lorsque j'en écris les récits et c'est une expérience exaltante - différente de l'exercice de la création littéraire, qui m'est familier car j'écris des poèmes, et des nouvelles.
Plonger dans mes mondes imaginaires et devenir l'un de mes quatre mois imaginaires est avant tout un immense plaisir. C'est beaucoup plus qu'une simple évasion. J'ai ainsi vécu des expériences intenses qui m'ont laissé des souvenirs aussi vifs que ceux de la réalité ou de certains rêves.
Cependant je crains de négliger un peu trop la réalité commune, car je ne m'investis pas complètement dans ce que j'entreprends ; rien ne me passionne et je ne cherche pas de nouveaux contacts. J'ai cependant pour règle que mes mondes n'empiètent pas sur les objectifs que je me fixe dans la réalité et j'ai mené à bien sans conflit des études exigeantes
Je suis très libre dans mes mondes imaginaires (histoires de combat, de haine et d'amitié pour l'essentiel), lesquels me donnent un bon aperçu de mon état psychologique, y compris lorsque je refuse d'admettre que j'ai un problème. Je suis constamment à la recherche des motifs qui déterminent mes actions et mes émotions, et d'une certaine façon j'essaie d’interpréter ces rêves éveillés (comment traduire daydream ?) comme mes rêves de chaque nuit.
Je ne sais pas si je devrais me restreindre et passer moins de temps à être quelqu'un d'autre pour me consacrer plus à la réalité commune. Je n'en ai pas envie car je perçois mes mondes comme une richesse. Mais je crains que cette attitude ne soit pas très saine et que j'en subisse les conséquences plus tard.