Bonjour.
Je suis nouvelle sur le forum. J'ai aussi été diagnostiquée d'un trouble de personnalité limite. Ça fait plusieurs années déjà. Je pense traverser un épisode de crise depuis quelques jours. Toujours au printemps, c'est bien étrange. Comme si mon trouble dégelais avec la fonte des neiges. Je suis encore capable de rationaliser mais, j'ai l'impression d'être sur le point de m'effondrer.
J'ai peur qu'on me conseille vivement de faire Une Autre psychothérapie à 85$ la consultation. Ou peur de pleurer incessamment et de ne pas arriver à placer un mot. La dernière thérapie avait pourtant fonctionné mais, on m'avait prévenu que je revivrais de ces épisodes et là je n'arrive tout simplement plus à me contenir.
Je suis en processus de régler définitivement mon passé. Ma mère n'a pas pris soin de moi enfant car elle était amoureuse d'un homme qui me faisait du mal. C'est donc ma grand-mère paternelle qui s'est occupé de moi jusqu'à l'âge adulte. En psychothérapie, j'ai réalisé que ce n'était pas que le conjoint de ma mère (celui de l'époque) qui me terrorisait le plus mais, bel et bien elle.
Cependant, quand j'ai eu 15ans, ma mère m'a demandé pardon pour toute ces choses. Mais à 15ans, moi, je n'étais pas là. Je développais mon super trouble de personnalité. J'étais toujours dans la lune, je n'écoutais rien ni personne, surtout qu'on m'embêtait depuis toujours à l'école alors, je me suis réfugié dans mon monde à moi. Je devais écouter quand même un peu puisque je me souviens qu'elle me l'ait demandé mon pardon. Ça a du lui prendre tout son ptit change pour y arriver et je n'ai pas su le recevoir dans les temps. Je pense avoir acquiescé mais, très nonchalamment en bonne ado que j'étais.
J'ai 30ans maintenant et il y-a peut-être un 12 ou 13 ans qui s'est écoulé depuis que j'ai vraiment renoué avec ma mère. Cependant, j'ai toujours cette pudeur sur mes émotions quand je suis avec elle. J'ai toujours peur de chier l'coup, de dire une sottise, de lui déplaire, de revoir celle qu'elle était quand j'étais enfant. Et j'aimerais tellement pouvoir m'exprimer librement avec elle. Rationnellement, je suis convaincue qu'elle apprécierait, qu'elle le prendrait comme une marque de confiance, une preuve que je lui ai vraiment pardonné. Dans mon univers borderline par contre, je suis terrorisée à l'idée de lui exprimer mes émotions. J'ai peur qu'elle me rejette, qu'elle se fâche, qu'elle me dise des choses blessantes.
Je n'ai pas encore été capable de lui dire que je la vois enfin, que je m'excuse de ne pas lui avoir exprimé mon pardon quand elle me l'a demandé. Je suis incapable de lui dire que je l'aime et quand elle me prend dans ses bras, je suis mal à l'aise tout l'temps. Je ne sais pas comment lui rendre son affection. Elle a fait tant d'effort pour se faire à nouveau aimer de moi. Elle mérite mieux qu'une fille coincée incapable d'exprimer sa gratitude ou son amour.
C'qui déclenche ma crise c'est que je me suis contrainte d'agir en ce sens. Je me suis mis dans une situation qui m'accule au pied du mûr et je ne me suis pas demandé si j'étais prête ou non. Fallait que ça s'fasse là, tout d'suite. Impulsivité disent-ils, ça ressemble à ça.
Saoule, j'ai demandé à mon père et à ma grand-mère si on pouvait la recevoir à souper pour la fête des mères. Banal en apparence mais, ça fait des années que m'a mère n'a aucun lien avec la famille de mon père (par définition ma famille bien à moi aussi). Ma grand-mère est allé devant les tribunaux pour avoir ma garde.
Toujours est-il que j'ai eu la bénédiction de mon père et de ma grand-mère pour le souper.
Là ou j'ai vraiment merdé, c'est que, saoule encore une fois, je lui ai envoyé par courriel l'invitation et lui ai pondu un interminable roman de lyrage pas possible (vous êtes à même de constater la longueur de mes romans d'ailleurs).
L'alcool faisant tomber les inhibitions, j'ai commencé à lui parler de moi, vaguement de mon trouble, beaucoup sur combien j'étais coincée mais que je m'obligeais à sortir de ma coquille une bonne fois pour toute. Que je l'aimais et que je m'en voulais de ne pas l'exprimer et tout et tout. Mais, je reste discrète sur mon trouble avec elle car j'ai peur qu'elle croit que c'est sa faute et je ne veux pas la voir culpabiliser. Y-a déjà bien assez de moi qui culpabilise systématiquement.
Et comme c'est la première fois que je m'ouvre, si c'est bien ça que j'ai fait, je suis terrorisée. Dans ma tête, c'est automatiquement le rejet qui m'attend. J'ai peur qu'elle m'accuse de la ramener en territoire délicat. J'ai peur qu'elle soit déçue de moi parce que, j'ai l'impression que tout ça c'est réglé pour elle et qu'elle ne puisse pas comprendre que ça ne l'est pas pour moi.
Et ça va plus loin encore. J'ai peur d'exaspérer mes amis parce que c'est le bordel dans ma tête et je me comporte étrangement. Parce que j'aurais envie de ne leur parler que de ça mais ils ont d'autres chats à fouetter. Eux aussi ils ont des problèmes et, me semble que j'devrais être là pour eux plutôt que dans ma tête. Pis c'est tellement insignifiant tout ça. Elle n'est pas moche ma vie, elle est super mais me voilà encore en train de dramatiser et de foccusser sur le négatif. J'sais pu quoi faire. J'm'haïs tellement en ce moment.
Je n'assume pas les gestes que j'ai entrepris. Mon égo tout entier retombe dans le doute, j'ai recommencé à me trouver idiotte et insignifiante juste parce que j'ai fait l'exercice d'exprimer un besoin. J'me sens comme de la merde et je me dis que j'vais rester célibataire toute ma vie parce que si ce n'est pas qu'il y-a personne d'assez bien pour moi, c'est que j'aurai toujours trop de bibittes ingérables dans ma tête.
Si vous m'avez suivit jusqu'ici, vous êtes des anges de patience. Quelqu'un parmi vous se sent-il le courage de me rassurer? Ma mère n'a pas répondu à mon courriel et c'est la fin du monde dans mon esprit, juste dans mon esprit.
Merci d'avance.
Juxian