mon travail me ronge

Je suis aide-medico-psychologique, en etablissement médicalisé pour personnes agées depuis un an.
J'ai travaillé plus de 20 ans auprès de personnes handicapées(mentales,physiques....)
Ce que je vis au quotidien n'a rien à voir avec l'accompagnement dont j'ai rêvé !
Le matin 7h reveil brutal des personnes,j'ai une heure pour faire le tour des 80 résidents,les installer, faire les petits soins....
Ensuite,toilettes à la chaine (nous sommes 5 pour 80)refection des lits...
11h pause café,là je ne suis déjà plus bonne à rien,mal au dos,démoralisée,abattue......
11h20 ramener tous les fauteuils roulants en salle à manger,distribuer les medicaments,les aider à la prise du repas.....;
13h ramener tout le monde dans sa chambre
13h30 changer les protections des personnes incontinentes!
14h30 transmissions avec les 3
personnes qui travaillent du soir!
15h préparer mon chariot de soins pour le lendemain!
15h20 je débauche!ouf
Pas le temps de suivre le rythme ralenti de nos ainés,pas le temps de les écouter,de leur tenir la main ,de partager un moment agréable,de leur faire sentir à quel point nous avons besoin d'eux,combien ils peuvent encore être utiles ,nous conseiller...
Je me sens maltraitante malgré moi,l'institution m'oblige à travailler dans l'urgence,rien n'est pensé pour ces gens,tout est fait sans réfléchir,ce qui aboutit à des situations dramatiques!
Les personnes "démentes"deviennent violentes en miroir de ce que nous leur envoyons,les "plus dépendants deviennent de plus en plus dépendantes,elles se désinvestissent,désirent mourir quand elles s'expriment encore...
Je vois en 2006 des gens en fin de vie dont la douleur n'est pas traitée,alors que nous disposons de tous les moyens pour lutter!
Tout me fait violence,ce que j'y vois,ce que j'y fait,ce que j'y entends....
Je reviens chez moi détruite,je ne pense qu'à ça,même les jours de repos,je ne dors plus beaucoup,je suis donc plus fatiguée,c'est un cercle infernal,ma famille paye,je suis au plus mal avec mon conjoint qui ne me comprend pas,mes enfants n'osent plus m'aborder tellement je pars au quart de tour!
Je suis obligée de continuer dans cet établissement tant que je n'ai pas trouvé un autre emploi,mais dans ma région c'est le désert!
Pour nourrir ma famille il me faut supporter de me détruire à petits feux ..
J'en suis à boire de l'alcool pour pouvoir aller au travail,pas encore le matin mais ça viendra!
aidez-moi avant l'implosion!

Bonsoir,

Je comprends, je comprends bien. J 'ai été éducateur pendant 15 ans. J 'ai travaillé avec les malades mentaux et handicapé mentaux. J 'ai aussi
travaillé avec la population des S D F. J 'y ai vue des choses insoutenables.
Des handicapés mal traité, des S D F mourir dans l 'indifference totale etc...
Finalement, j 'ai décroché. Je n 'en pouvais plus et je suis suis tombé très malade. Au point que j 'ai actuellement céssé toute activité.
Alors, franchement, je me permets de te dire d 'arretter ce boulot qui te détruit. Trouve des solutions à ton probleme. Ton état de malaise ne durera qu 'un tant avant que tu ne sois vraiment pas bien du tout. Je sais que tu a besoins d 'argent. Mais il y a d 'autres moyens. Moi, je ne carburé pas à l 'alcool mais aux médicaments. Je sais ce qui se passe dans ces institutions. Je sais aussi qu 'il faut être du métier pour savoir vraiment ce qui si passe.
Je te souhaite d 'aller mieux, et de te trouver un autre job.

Amicalement

Bonjour Opale,

J'aime beaucoup ta formulation:
"rajouter des années à la vie c'est bien mais il vaudrait mieux rajouter de la vie aux années!"
Tu as raison, c'est bien ce qu'il faudrait faire, mais ce n'est pas qu'une question de personnes agées.
La vie, elle doit venir de l'intérieur, quand j'étais aide-soignante pour faire mon étude psychologique, j'ai remarqué que ces personnes n'ont pas de jardin intérieur, c'est d'ailleurs pour cela qu"elles deviennent aussi dépendante d'un petit geste et que vous vous sentez si démunies. N'ayant pas ce temps à leur donner.
C'est effectivement insoluble, les gens n'ont pas été préparé à l'allongement chimique de la vie.
Car sans médicament, on est bien d'accord, les gens ne vivraient pas si vieux.
Vaut-il mieux une vie plus courte riche et sans médicament, ou une longue vie sans être prisonnier des médicaments.
C'est plus un débat de fond que tu soulèves et tu devrais prendre du recul, comprendre la maladie, dans quel cas elle arrive, tu feras des recoupements, tel groupe de caractère ou de famille ont tel symptôme etc..., tu verras différemment ton travail, cela peut devenir passionnant et du coup plus léger et pris sous cet angle plus humain.

Enfin, c'est une piste puisque tu es très professionnelle et que tu ne veux pas abandonner ce qui est tout en ton honneur.
Bon courage

Je te comprends, moi je suis espagnole d'une autre génération et pour la maison de retraite que dalle. J'ai soignée ma mère jusqu'à son décès. Puis mon père le jour où il aura besoin de moi, il le sait je le soignerais jusqu'au bout. çà le rassure de le savoir. Par contre avec la nouvelle génération je sais pas s'il pratiqueront pareille. Moi en tout cas je compte pas sur mes enfants, c'est pour çà que je suis ok. Pour choisir ma propre mort dignement. Puis ne pas rester un légume qui emmerde tout le monde. Pour ma part, j'ai donné toute ma tendresse à ma mère et je l'ai couvé le plus que j'ai pu. Puis le jour opu mon père n'ira pas bien je ferai de même.

et surtout à Birgitt qui semble rencontrer les mêmes problèmes!
Me mettre en maladie ne résoudra pas le problème ,nous sommes déjà en sous effectif et obligés de revenir sur des jours de repos pour pallier le manque de personnel (beaucoup d'arrêts maladie en ce moment).
Non la vieillesse ne me fait pas peur, la mort non plus.
Ce sont les conditions de vie des personnes agées qui me chagrinent,rajouter des années à la vie c'est bien mais il vaudrait mieux rajouter de la vie aux années!
Ces personnes passent leur temps à attendre qu'on leur accorde un peu de notre temps et nous n'avons que quelques minutes par jour pour nous en occuper,à peine de quoi satisfaire aux besoins essentiels d'une personne.
Toilette ,repas ,élimination se font dans une course contre la montre,pour pouvoir en "faire" le plus possible en un minimum de temps!
Comment être satisfaite de mon travail,quand je vois tant de besoins que je ne peux satisfaire!
C'est très dur moralement et physiquement,pour gagner du temps nous sommes obligés de mettre des protections à des personnes qui ne sont pas incontinentes,parceque c'est plus vite fait de changer une "couche" que d'installer sur les toilettes,attendre que ça vienne puis ramener dans un fauteuil!
C'est aussi plus vite fait de faire manger que d'attendre qu'ils mangent seuls en les aidant un peu!
Même de les habiller que de les aider à l'habillage ou à la toilette!
Nous ne remplissons pas notre rôle qui est normalement de leur permettre de conserver au maximum leur autonomie!
Et plus nous faisons à leur plaçe plus nous les rendons dépendants,nous les dépossédons d'eux mêmes et nous les approprions comme des objets,ils ne sont plus des sujets libres de décider ,choisir,penser...
l'institution me rend maltraitante malgré moi!
Quelle plaçe accordons-nous aujourd'hui à la personne agée,que représente cette tranche d'âge pour notre société,quel regard portons-nous sur le veillissement?
ça va sûrement vous paraitre violent mais une image me vient,je suis allée la semaine dernière à la déchetterie,et j'ai vu un monsieur jeter un petit meuble,quand je lui ai demandé pourquoi il le jettait,il m'a répondu qu'il n'en avait plus besoin,qu'il était un peu bancale et vermoulu et qu'il allait le remplacer par un neuf.
J'ai récupéré ce meuble,je l'ai traité contre les insectes qui le rongaient,ciré,puis réparé pour qu'il ne penche plus,aujourd'hui il est chez moi et m'est très utile pour mon quotidien!
Nous faisons de même avec nos ainés,quand nous pensons qu'ils ne servent plus à rien nous les parquons dans des soit-disant maisons de retraite où soit-disant ils couleront des jours heureux,où ils pourront enfin se reposer d'une vie de labeur,où ils n'auront plus à s'inquieter du lendemain,du quotidien qui sera entierement pris en charge par l'institution(ménage,repas,soins....)
La vérité est toute autre,si seulement les professionnels osaient parler et se mobiliser,peut-être que ça changerait!
Les familles ne peuvent se battre,elles sont trop contentes d'avoir enfin trouvé une plaçe pour leur parent dont elles ne peuvent plus s'occuper,elles sont prêtes à fermer les yeux sur certaines pratiques douteuses pourvu qu'on les décharge d'un fardeau qu'elles ne peuvent plus assumer seules!
Je pense qu'en plus elles ont peur des représailles auprès de leur parent!
merci encore de m'avoir lue!

bonjour à tous et à toutes mais + particulièrement à opale 86!!je travaille également en foyer-logement(éphad,pourtant!) ce qui veut dire ;respect de la personne ds tous ses moments de sa vie;(soins) et de ses rythmes de vies;relations sociales,famille,loisirs y compris pour les + dépendants) et en fait rien de tout cela;chez nous,on ne s'occupe que des + valides,les autres sont laissés de côté;(animations,fêtes,anniversaires):quant au lever,dès 4heures 30 du matin pour les changer et en ce moment l'équipe de jour tente de faire 1 forcing pour que l'on fasse des toilettes à partir de 6 heures du matin(n'importe quoi!) en parler au directeur ne sert pas à grand chose,car eux aussi sont coinçés ds 1 système ou on leur promet de l'argent pour du personnel,la formation,des moyens tchecniques et du matériel ,seulement c'est du vent;par contre,on dépense de l'argent pour rénover des vieux batiments de + de 30 ans qui coutent + cher à rénover et mettre aux normes,restant innappropriés aux personnes àgées dépendantes de + en +(rentrent à partir de 90 ans en moyenne en mdr,avec des pathologies de + en + lourdes);alors peut- être vous pouvez commencer à comprendre le personnel épuisé et maltraitant malgré lui(ce qui n'excuse rien);j'ai travaillé de jour,et je peux dire que c'est "la chaine" ;pas le temps de faire pipi ou de boire:j'espère de nombreuses réactions de personnel soignant,mais aussi pourquoi pas de directeurs,de familles,et aussi de centres de formations qui seraient à mê^me de relayer tous ces problèmes au sein d'1 formation(as ou amp) et pourquoi pas faire 1 collectif de toutes les personnes travaillant auprès de ces personnes âgées qui se retrouvent impuissantes(peur de représailles),et totalement démunies face à ce problème qui mérite au moins d'être soulevé!bon courage à vous tous et toutes mes chères collègues,mais résister et surtout ne vous taisez pas : :?:

:D OPale tout comme les autres je pense qu'il faut savoir se protéger et être un peu égoiste, là tu es au bout du rouleaux. Tu dois savoir dire stop et prendre un congé maladie, car non seuleument tu vas devenir alcoolique, mais en plus tu vas perdre ta famille, alors secouue-toi un peu et ne te laisse pas manger par les autres. Je te souhaites bon courage et j'espère que tu prendras la bonne solutions c'est STOP!!!!

Bonjour Opale,

C'est vrai que c'est absolument anormal que les aides médico psycho servent d'aides soignantes, mais c'est souvent le cas, manque de personnel.

Pour en revenir à ton problème et pour avoir exercé cette profession 1 an dans le but d'étudier le comportement des personnes en fin de vie.
Je connais le problème et l'effet miroir dont tu parles.
Mais je pense que ton problème ne vient pas seulement du fait que le travail est dur (tu as fait un travail certainement aussi dur pendant les 20 ans avec des personnes handicapées). Je pense que travailler dans une maison de retraite médicalisée, c'est cotoyer tous les jours la vieillesse, et le vieillissement, ce qui n'a rien à voir avec le handicap, car il nous est étranger donc on peut avoir du recul, la vieillesse, c'est l'avenir de tous, et ce sont tes peurs qui remontent à la surface.

L'effet miroir c'est celui-ci, au fond, tu as certainement peur de la mort et du vieillissement, et l'image que te renvoient toutes ces personnes t'est devenue insupportable.

Je pense qu'effectivement comme l'on dit certaines personnes, il faudrait prendre un petit peu de repos, l'alcool est très dangereux et certainement pas la solution.
Je pense qu'une psychothérapie sur le deuil, la mort, le vieillissement serait très bénéfique.
Il y a certainement un problème de ce genre non réglé qui est en train de remonter et ce n'est sans doute pas par hasard que tu as choisi ce métier. A toi de combattre ses peurs et de les anéantir avant que ce soit elles qui le fassent.
N'aie pas peur et fais confiance à la vie, elle ne te veut que du bien, elle a mis ces personnes sur ton chemin pour que tu fasses ce chemin et que tu n'aies plus peur de la mort.

Enfin, c'est ce que je pense de par mon expérience mais je ne sais pas si cela pourra t'aider.
Bon courage!

je ss nouvelmnt inscrit sur ce site. ta lettre est la première que j'ai lu. ce que tu décris est très pesant . par "certains côtés" cela me rappelle ce que j'ai vécu moi-même ds mon travail que j'ai quitté depuis le mois de mai 2005 _départ volontaire_ aujourd'hui je gagne moins , mais quelle qualité de vie; je revi! par mon message je voudrais simplemnt te dire de "tenir bon". l'alcool n'est pas une solution. même durant les moments les plus sombre _j'ai même fini par divorcé à cause du stress continuel que je subissais ds le boulot et que je transposé chez moi_ je n'ai jamais cherché du réconfort ds l'alcool! plutôt ds l'écriture , le sport , la lecture et aussi le sexe (très, très important pr se rasséréner). autre chose qd tu quitte ton travail ,il faut faire le vide ds ton esprit_je sais ce n'est pas évident, mais c'est une question de survie!_ en quittant ton job, pense que tu te défait d'un habit crasseux et mal odorant avec lequel il n'est pas question de rentrer habiller avec à la maison...
on est avec toi , tiens ns au courant ...
bises
tajmahal

Bonjour,

J'ai lu ton message avec beaucoup d'empathie. Un très très long congé de maladie professionnelle serait ton salut. Si tu as un médecin compréhensif, va le voir au plus vite et demande un arrêt de travail. Tu vis beaucoup de détresse psychologique. N'attends pas de perdre ta santé, ta famille. Quand tu auras repris du mieux, tu pourrais penser à trouver un travail plus humain, plus gratifiant, peut-être? Un changement de travail serait opportun pour ne pas tomber à nouveau dans ce cercle infernal.

Prends soin de toi et j'espère que tu vas nous donner de tes nouvelles.

Nicole

7 profession est d'aider psychologiquement des personnes du 3ème âge entre autres à ne pas confondre avec la profession d'aide soignante..
Une profession pour deux c'est de l'abus..!

bonjour opale, il est évident que tu ne peux pas continuer ainsi.Ton travail prend le dessus et ta famille en subit les conséquences.Il est temps pour toi de faire une pause,un congé maladie par exemple serait salutaire.C'est un travail très prenant que tu fais,mais il faut savoir se protéger.Tu es arrivé à la limite,et dieu merci tu t'en rends compte.Il faut absolument réagir pendant qu'il en est encore temps.Parle en calmement avec ton conjoint,et ensemble vous trouverez la solution.Bon courage à toi. cajoline

bonjours,je vie un peu la meme chose mais en moins stressant,en as tu parlé avec les deux personnes qui travaillent avec toi?ne pourriez vous pas decider toutes (tous) les trois de prendre rendez vous avec votre employeur pour aborder le sujet.Je sais bien que c'est une question de budjet,mais evoquez lui l'hypothèse d'une quatriéme personne pour soulager votre travail et vous rendre plus disponible.Ma belle soeur est gardienne de nuit dans un centre d'handicapés mentaux ados,elle arrive le soir et repart aprés le petit déjeuner,elle ne sont que deux a gerer x ados insomniaques,mais elle a un nombre de jours impressionnants de repos compensatoirs,du coup elle adore sont boulot ,bien que tres dur (elle nous en raconte des vertes et des pas mures).Je pense reellement qu'il faut que tu en parle,ne plus subir passivement sinon tu va craquer.Autre solution,ralentir,et si le travail n'est pas fini tu dit que le temps imparti est inssufisant.je ne sait pas si ma reponse t'aide un peu,en tout cas je te souhaite bon courage,tu as deja fait le premier pas en venant ici,tu tiens le bon bout,continue.amitiés

Bonsoir Opale,

Ce que tu écris me touches beaucoup, en tant que personne qui a étudié le service social. Je penses que tu as raison de trouver cette routine stressante et plutôt insensée...

L'idéal ne serait-il pas, d'abord, de te sortir de là? Est-ce qu'il ne serait pas possible d'avoir un congé de maladie pour cause d'épuisement?

Vassilissa