Atteinte cérébrale(arguments détracteurs)
Dans le débat sur les risques de l’ECT, la
possibilité de modifications irréversibles au niveau du
cerveau occupe une place centrale. Les défenseurs
de l’ECT affirment qu’il n’y a aucune preuve de telles
modifications, tandis que les opposants citent
plusieurs études, particulièrement celles des années
1950, qui auraient révélé des atteintes cérébrales
dans des expériences menées tant chez l’animal que
chez l’humain. Selon le rapport de la conférence de
consensus du NIH en 1985, aucune preuve de mort
neuronale n’a pu être détectée dans des études
animales .
Des recensions exhaustives de la documentation
scientifique, publiées par Weiner par Devanand et coll ont conclu à l’absence d’atteintes cérébrales
permanentes. Peter Breggin, psychiatre et l’un des principaux opposants aux électrochocs, critique les
critères d’exclusion utilisés dans l’étude de Devanand.
Selon Breggin, l’exclusion arbitraire de plusieurs
études animales incriminantes, menées durant les
années 1940 et 1950, ont introduit un biais important
dans cette recension. De son côté,
Abrams attaque les arguments de Breggin et justifie
cette exclusion en arguant que certaines des études
exclues ne comprenaient pas de groupe témoin et que
d’autres n’auraient pas utilisé une méthode adéquate
de fixation pour l’examen microscopique du cerveau
Parmi les études chez l’humain, une étude
prospective a examiné, au moyen de l’imagerie par
résonance magnétique, la possibilité de modifications
dans les volumes cérébraux régionaux.
La seule modification observée dans les
résultats des examens effectués 2 jours et 6 mois
après la fin du traitement, chez une cohorte de
35 patients, est l’augmentation, chez 5 d’entre eux,
d’une hyperintensité subcorticale préexistante. Les
auteurs attribuent cette évolution d’une anomalie
préexistante aux changements structurels causés par
des maladies cérébrovasculaires. Breggin estime que
ces changements démontrent plutôt une lésion
cérébrale secondaire à l’ECT
L’énoncé de principe de l’Association des psychiatres
du Canada de 1992 affirme que « l’examen
exhaustif et objectif récent d’un grand nombre
d’études indique que, tels qu’ils sont pratiqués aujourd’hui,
les électrochocs ne causent aucun symptôme
décelable de lésion cérébrale structurelle irréversible. Il
est néanmoins possible qu’ils entraînent des altérations
ténues, impossibles à confirmer au moyen des méthodes
d’évaluation existantes »
Les discussions portant sur la possibilité de
mort neuronale causée par l’ECT se poursuivent. En
février 2000, Sterling affirmait, dans la revue Nature,
que les recherches sur la possibilité de mort
neuronale sont insuffisantes, alors qu’il existe des
indices de mécanismes pouvant la provoquer
Cette affirmation a été aussitôt
contestée par Fink et Abrams, deux éminents praticiens
des électrochocs aux États-Unis.
Actuellement, aucune étude chez l’humain n’a
permis de mettre en évidence une atteinte aux structures
cérébrales reliée à l’administration de l’ECT. Dans
une étude, des chercheurs ont utilisé la résonance
magnétique spectroscopique (« magnetic resonance
spectroscopic imaging ») pour suivre l’activité métabolique
dans l’hippocampe chez 17 patients traités par
ECT, chez un groupe témoin constitué de 24 personnes
en bonne santé et chez 6 patients remis d’une dépression
majeure sans ECT, tous appariés pour l’âge. Selon
les résultats, il est peu probable que l’ECT provoque
une mort neuronale ou une atrophie au niveau de
l’hippocampe, partie du cerveau impliquée dans des
troubles amnésiques.
Par contre, dans une étude sur des animaux,
on a détecté la mort de neurones de l’hippocampe
chez des rats qui ont reçu de la caféine avant la
séance d’électrochocs, alors que les rats qui n’en ont
pas reçu n’ont pas subi de pertes neuronales [Enns et
al., 1996]. Comme la caféine est occasionellement
utilisée comme médicament avant la séance d’ECT
chez certains patients ayant un seuil convulsif élevé,
la portée des résultats de cette étude sur des animaux
a fait l’objet de discussions. Le
dernier guide de pratique de l’American Psychiatric
Association appelle à la prudence losqu’on utilise de
la caféine et de la théophylline dans le cadre de l’ECT