Une révision de la célèbre pyramide des besoins du psychologue américain Abraham Maslow, publiée dans la revue Perspectives on Psychological Sciences, place le besoin d'être parent au sommet de cette dernière.
La pyramide de Maslow, proposée dans les années 1940, représente une hiérarchie des besoins humains. Ceux qui sont à la base ont priorité sur ceux qui se situent plus haut. A la base se trouvent les besoins physiologiques tels que la faim, la soif et le désir sexuel. Ainsi, une personne affamée ne sera pas centrée sur les autres besoins. Mais si elle est satisfaite à un certain niveau, elle peut se centrer sur d'autres besoins.
Une fois qu'elle est bien nourrie, elle se soucie de la sécurité. Une fois en sécurité, elle s'inquiète de l'affection et de l'estime, etc. Au sommet de la pyramide se trouve le besoin d'auto-actualisation, le désir d'exprimer son potentiel créatif unique.
La révision proposée par Douglas Kenrick de l'Université d'État d'Arizona et ses collègues repose sur une approche évolutionniste de la psychologie et reflète, précisent les chercheurs, les nouvelles découvertes et théories de champs tels que les neurosciences et la psychologie du développement.
Ils ont restructuré la pyramide pour tenir compte des "motivations fondamentales" liées à l'évolution, telles que sa propre protection, l'accouplement et les préoccupations concernant son statut.
Les quatre niveaux à la base de la nouvelle pyramide sont très compatibles avec celle de Maslow (besoins physiologiques immédiats, protection, appartenance, statut/estime). La modification la plus controversée est l'élimination de l'actualisation (ou réalisation) de soi. Au sommet de pyramide figurent plutôt trois "motivations essentielles" liées à l'évolution que Maslow avait négligées: l'acquisition d'un(e) partenaire, sa rétention et le besoin d'être parent.
La réalisation de soi n'est pas un besoin fondamental lié à l'évolution, considèrent les auteurs. Bon nombre des activités que Maslow étiquetait comme l'auto-accomplissement (créativité artistique, par exemple) reflètent les motivations plus fondamentales biologiquement d'obtenir un statut, d'attirer et retenir un(e) partenaire.
"Parmi les aspirations humaines qui sont les plus biologiquement fondamentales se trouvent celles qui ultimement facilitent la reproduction de nos gènes chez les enfants de nos enfants", explique Kenrick. "Pour cette raison, la parentalité est primordiale."
Ces motivations ne sont pas conscientes nécessairement. Les artistes, par exemple, ne pensent pas consciemment à augmenter leurs chances de reproduction quand ils ressentent une inspiration pour peindre ou écrire. Ils le font pour diverses raisons, sans être conscients de la fonction ultime, expliquent les chercheurs.
Répondant à certaines critiques (les gens qui ne veulent pas d'enfants peuvent avoir des buts aussi élevés et être aussi heureux), Kenrick précise que le sommet de la pyramide ne représente pas un idéal auquel il faut aspirer pour être heureux. "Nous argumentons que, d'un point de vue développemental, être parent est un but au-dessus des autres. Cela signifie que le but d'être parent prendra une place prédominante seulement après que les autres buts sociaux et reproductifs seront accomplis. (...) Nous ne disons pas que tout le monde devrait aspirer à avoir autant d'enfants qu'ils le peuvent ou même à avoir des enfants. Ma conviction personnelle est que le monde est déjà plus que suffisamment surpeuplé."
Illustrations : pyramide de Maslow et pyramide modifiée (Doug Kenrick, Arizona State University).
Psychomédia avec sources: Eurekalert, Times online (CNN)
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