Juste avant la saison des vacances d'été et des voyages à l'étranger, une étude sensibilise sur les distortions perceptuelles qui peuvent affecter l'usage des devises étrangères. La recherche examinait pourquoi les gens dépensent si différemment à l'étranger qu'à la maison.
Selon les auteurs les problèmes proviennent d'une erreur fondamentale dans la perception
La valeur numérique inscrite sur les billets influence la perception du pouvoir d'achat réel, biaisant le jugement du consommateur durant les périodes d'inflation par exemple ou lorsqu'il utilise des devises étrangères. Cela peut aussi avoir des conséquences macroéconomiques importantes comme lors du passage en 2002 des monnaies nationales pour l'euro.
Klaus Wertenbroch (France) et ses collègues du Canada et de Singapoure ont examiné les processus psychologiques impliqués dans les transactions faites avec des monnaies étrangères.
Dans plusieurs études de laboratoire, les chercheurs ont donné à des participants à Hong Kong, aux États-Unis et en Allemagne un budget dans leur monnaie ou dans une monnaie étrangère et leur demandaient combien d'argent ils dépenseraient dans une variété de situations.
Ils ont observé qu' un voyageur américain par exemple dépenserait moins en réalité lorsque sa monnaie vaut moins par rapport à celle du pays visité, un pays d'Europe par exemple où 1 US$ = 0.73 € que lorsque sa monnaie vaut plus comme par exemple au Japon où 1 US$ = 120 ¥.
C'est-à-dire que les gens dépensent moins en valeur réelle quand l'unité de base de leur propre monnaie équivaut à une moindre valeur de l'unité de base de la monnaie étrangère (1 US$= 0.80 €) alors qu'ils dépensent plus dans la situation inverse (US$ 1= ¥ 120).
Les gens compareraient directement les valeurs numériques des monnaies plutôt que de comparer les pouvoirs d'achat de chaque des monnaies. Ainsi ils peuvent être réticents à payer un produit 1€ si celui-ci se vend 1 US$ aux États-Unis, estimant qu'ils se trouvent à le payer $1.25). Alors qu'au contraire, ils considèrent faire une aubaine s'ils paient 100 ¥ pour un objet se vendant 1$ aux États-Unis, estimant économiser 1/6 de la valeur. C'est ainsi qu'ils seraient plus dépensiers au Japon qu'en Europe. À relier, peut-être, aux résultats d'une enquête récente auprès des hôteliers européens selon lesquels les touristes américains seraient parmi les moins généreux.
L'étude a aussi montré que les gens sont disposés à miser presque le double (en valeur réelle) à des jeux de hasard lorsque la valeur numérique des billets d'une monnaie étrangère était multipliée par 100 même si la valeur de la récompense restait la même.
Source: Journal of Consumer Research, June 2007 (Eurekalert)
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