Série de Conférences:

INTENTIONNALITE ET CONSCIENCE

organisée par Le Séminaire d'Épistémologie des Sciences Cognitive
(Section de Philosophie de l'École Normale Supérieure de Lettres et
Sciences Humaines, Lyon

CONFERENCE 2: JEUDI 20 DECEMBRE: 14H30

Marc Jeannerod, Institut des Sciences Cognitives, CNRS, Lyon

"Intention et simulation de l'action"
L'exposé portera sur une définition de l'intention en termes de simulation et d'anticipation des effets d'une
action, que celle-ci soit exécutée ou non. Différents modèles de l'anticipation seront évoqués et des situations expérimentales seront proposées pour tester les prédictions qui en découlent. Quelques applications pathologiques dans le domaine de la maladie mentale seront enfin discutées.

Refs: M. Jeannerod (1993) "Intention, représentation, action". Revue Internationale de Psychopathologie, 11, 167-191.
M. Jeannerod (2000) "Y a-t-il des limites à la naturalisation des états mentaux?". In A. Ehrenberg & A.M. Lovell 
(Eds) La maladie mentale en mutation. Psychiatrie et société. Paris, Odile Jacob, pp 265-278.

Pierre Livet, Département de philosophie, Université d’Aix en Provence

"La dualité complétude/incomplétude de l'intention"
Le puissant modèle de l’action comme intentionnalité motrice(modèle interne, simulation, représentations
motrices partagées) permet de déterminer ce qu’est une action intentionnelle: quand tous ces éléments (les simulations des effets moteurs et réafférentiels, les sensations kinesthésiques et réafférentielles, l’identification du mouvement et son assignation à un agent, etc.) se bouclent les uns sur les autres de manière appropriée.  Mais alors, tout est complet (dans son genre, à chaque fois) puisque tout se boucle, si besoin après correction. Or les représentations conscientes d’intention ne sont pas complètes, ni celles des intentions motrices d’autrui. Il n’est pas certain non plus que les simulations soient complètes, ni non plus le modèle interne (il n’a peut-être pas besoin de l’être). Les images motrices pourraient ne pas être complètes non plus. Il est avéré que l’assignation à soi-même du mouvement est moins fine qu’on ne pourrait le penser.  Mais si ce n’est pas complet, comment est-ce que cela peut se boucler, et comment pouvons nous avoir cette impression sans observation (Anscombe) que c’est bien notre action? Est ce que nous nous satisfaisons de critères plus vagues? 


Mon hypothèse est la suivante: nous mettons implicitement en jeu, et à tous les niveaux (moteurs, assignation des intentions à autrui, intention consciente) une dualité entre des centralités de l’action qui restent invariantes, et des compensations périphériques dont les variations maintiennent cette invariance. Ceci au niveau de notre mouvement, au niveau de la perception du mouvement d’autrui, mais aussi au niveau de l’explicitation consciente de l’intention, et au niveau de sa description par le langage. Ainsi l’invariant central n’est pas complet, et les complémentations varient autour de lui, mais l’ensemble assure toujours cette dualité. On peut alors poser un principe de dualité: si les compensations sont très bien définies, alors l’invariant n’a pas besoin de l’être très précisément (cas d’un mouvement très sophistiqué au tennis, qui est le fruit d’un très long apprentissage, et «part tout seul»). Si les compensations sont laissées au gré des circonstances que l’on rencontre, alors l’invariant doit être très bien défini (pour qu’il s’agisse toujours d’une action intentionnelle). Cette dualité semble valoir des niveaux les plus moteurs et perceptifs jusqu’aux niveaux les plus langagiers.

Lieu:
ENS-LSH 
15 Parvis René Descartes
Lyon 7è
Salle F 101
Heure: 
14h30
Métro: 
Contact: Jean-Michel Roy, roy@heraclite.ens.fr

Les conférences sont ouvertes à l'ensemble de la communauté cognitive et philosophique, 
et sont organisées avec le soutien du PRASC