Depuis qu'un lien entre le virus xénotropique de la leucémie murine (XMRV) et le syndrome de fatigue chronique a été rapporté l'an passé par une équipe du Whitmore Peterson Institute (États-Unis), quatre études n'avaient pas trouvé d'indications de ce lien. Une étude des Centers for Disease Control and Prevention (CDC) américains notamment, publiée en juillet dernier, n'avait pas réussi à confirmer ce lien.
Shyh-Ching Lo et ses collègues ont constaté que des échantillons de sang de 32 (86,5%) des 37 personnes atteintes du syndrome contenaient des fragments du virus "polytropique" de la leucémie murine comparativement à ceux de 3 (6,8 %) des 44 donneurs de sang en bonne santé.
"Comme il y a plusieurs virus qui provoquent des symptômes similaires de l'hépatite, il peut y avoir plusieurs virus qui causent le syndrome de fatigue chronique", a expliqué Harvey Alter du National Institutes of Health ( NIH) Clinical Center à Bethesda, auteur senior de l'étude, en conférence de presse.
"Il existe une très forte association du virus (polytropique) avec le SFC, mais nous n'avons pas déterminé la causalité de cet agent", dit-il. Par exemple, l'infection pourrait résulter d'un problème sous-jacent du système immunitaire.
Les chercheurs tentent maintenant de comprendre pourquoi certains laboratoires trouvent l'association entre le syndrome et le virus et d'autres pas. Ils font l'hypothèse que le virus serait présent chez certaines populations de personnes atteintes de la maladie et ne le serait pas chez d'autres (le virus varierait par exemple d'une place à l'autre, ce qui pourrait expliquer pourquoi les études européennes ne l'ont pas trouvé). Par ailleurs, il n'est pas complètement exclu que les différences de résultats soient plutôt dues aux méthodes différentes utilisées par les laboratoires. Les méthodes de diagnostic de la maladie ont aussi été mises en cause, certains considérant notamment que l'étude des CDC ne permettait pas de distinguer adéquatement entre syndrome de fatigue chronique et dépression.
Dans un éditorial accompagnant l'article, Andrew L. Mason de l'Université d'Alberta à Edmonton (Alberta, Canada) suggère de réaliser des études qui comparent des médicaments antiviraux avec un placebo afin de vérifier si le virus joue un rôle causal.
Au moins trois médicaments antirétroviraux utilisés contre le VIH se sont avérés efficaces dans des études de laboratoires pour inhiber XMRV, qui a également été associé au cancer de la prostate.
Par ailleurs, ces résultats soulèvent des préoccupations quant à la sécurité des approvisionnements en sang. L'AABB, anciennement connu sous le nom de l'Association américaine des banques du sang, a recommandé en juin que les personnes atteintes de la maladie soient dissuadées de donner leur sang, en attendant une étude plus approfondie.
Psychomédia avec sources:
New Scientist, WebMD, New York Times
Tous droits réservés