Des actions de sensibilisation de Greepeace ont ciblé ce week-end la chaîne de vêtements espagnole Zara pour protester contre son manque d'engagement à éliminer certaines substances toxiques de ces produits.
Dans un rapport intitulé "Les dessous toxiques de la mode
", rendu public le 20 novembre, Greenpeace dénonce l'utilisation de substances chimiques susceptibles de provoquer des cancers et d'agir comme perturbateurs endocriniens (déréglant le fonctionnement hormonal et impactant les fonctions reproductives) détectées dans les vêtements de vingt marques de prêt-à-porter.
L'ONG a acheté 141 vêtements (jeans, pantalons, tee-shirts, robes et sous-vêtements) dans 29 pays et les a analysés.
63 % contenaient des éthoxylates de nonylphénols (NPE). Les concentrations les plus élevées ont été décelées dans des vêtements des marques C&A, Mango, Levi's, Zara, Metersbonwe, Jack & Jones et Marks & Spencers. 10 % dépassaient le seuil imposé par la législation européenne pour la fabrication de vêtements – mais pas pour l'importation.
Ces vêtements ne seraient pas dangereux au contact, mais le deviennent une fois lavés. Les NPE se dégradent dans l'eau en nonylphénol (NP), un perturbateur endocrinien classé comme substance dangereuse prioritaire par l'Union européenne. Ce sous-produit peut, à terme, s'accumuler dans les sédiments des rivières puis dans la chaîne alimentaire par l'intermédiaire des poissons ou des champs.
Des phtalates, également perturbateurs endocriniens, ont été détectés dans 31 vêtements comportant des impressions "plastisol
", parmi lesquels 4 présentaient des concentrations très élevées (jusqu'à 38 % du poids) : ceux de Tommy Hilfiger, Armani et Victoria's Secret.
Enfin, deux articles de la marque Zara contenaient des colorants azoïques qui peuvent libérer des amines cancérogènes. "Même si les niveaux de concentration restent en deçà des limites autorisées, il est inacceptable que des vêtements contiennent de telles substances
", estime l'ONG.
L'ONG appelle les marques à s'engager à éliminer onze familles de substances chimiques de leur chaîne de production d'ici 2020. Après la publication du rapport "Dirty Laundry" en 2011, Puma puis Nike (ce dernier étant directement visé par la campagne) se sont engagés à ne plus rejeter de produits toxiques dangereux sur l’ensemble de sa chaîne de fabrication et la totalité du cycle de vie de ses produits d'ici 2020. Greenpeace demandait à Adidas d'en faire autant. Actuellement, indique l'organisation, 7 grandes marques (Puma, Nike, Adidas, H&M, M&S, C&A et Li-Ning) se sont déjà engagées à éliminer ces substances.
Zara ne prend toujours pas d'engagement concret à ce sujet, déplore l'ONG.
Pour vérifier la proportion des vêtements des différentes grandes marques connues qui contenaient les polluants visés, consulter le rapport de Greenpeace: Les dessous toxiques de la mode.
Psychomédia avec sources: Greenpeace, Le Monde Tous droits réservés