La Fédération des apiculteurs de l'Union des producteurs agricoles (UPA) du Québec alerte sur la généralisation de l'usage des semences «enrobées» d'insecticides qui pourrait avoir des impacts sur les pollinisateurs en déclin, dont les abeilles.
La Fédération réagit ainsi à la publication en mars dernier du bilan 2008 de l'utilisation des pesticides par le ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs. Ce rapport concluait que le risque posé par les pesticides pour la santé et l'environnement demeure stable malgré une augmentation des quantités utilisées, à cause de la moins grande toxicité des nouvelles molécules. Un rapport qui a été critiqué de part et d'autres pour avoir sous-estimé plusieurs risques.
Ce bilan, explique la fédération dans un communiqué, "ne permet pas de prendre conscience du changement majeur qui s’est opéré récemment en agriculture quant à l’utilisation des insecticides. En quelques années, on est passé d’une utilisation par pulvérisation externe, aux insecticides systémiques. Dans le cas des insecticides systémiques, les nouvelles molécules toxiques sont intégrées à l’intérieur de la plante et circulent en permanence dans ses fluides." Les pollinisateurs sont ainsi exposés en permanence aux toxines qui sont aussi présentes dans le pollen et dans le nectar des plantes traitées.
L'utilisation des insecticides systémiques se généralise sans évaluation de cette pratique sur les pollinisateurs, qui sont un maillon essentiel pour la reproduction des plantes naturelles et agricoles», a expliqué au Devoir Jean-Pierre Chapleau, porte-parole de la Fédération.
La quasi-totalité du maïs semé ce printemps au Québec sera ainsi traitée avec un insecticide systémique à base de clothianidine (Poncho 600).
Les insecticides systémiques sont soupçonnés d’être en partie responsables du déclin de nombreux insectes (dont les pollinisateurs) et même des populations d’oiseaux insectivores. En France, en Allemagne, en Italie et en Slovénie certaines de ces molécules de la famille des néonicotinoïdes ont été bannies.
L'Agence fédérale de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) a homologué «temporairement» le Poncho 600 en 2004 sans exiger qu'on approfondisse ses impacts sur les systèmes nerveux et immunitaires des pollinisateurs. Elle a demandé un «examen de la toxicité chronique pour les ruches d'abeilles domestiques dans les conditions observées sur le terrain». L'étude n'a toujours pas été faite, à la connaissance de M. Chapleau.
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