Le système de protection de la jeunesse doit renverser la vapeur
Isabelle Paré
Édition du jeudi 29 janvier 2004
"Le Québec compte de plus en plus d'enfants semi-abandonnés, s'inquiète un spécialiste de la protection de l'enfance. On dénombre aujourd'hui par milliers les enfants «laissés à l'abandon» par leurs parents mais aussi par un système qui échoue à leur fournir un milieu de vie significatif et permanent où ils pourraient se développer normalement."
(...)"En fait, il ne s'agit pas d'enfants orphelins. «Ceux-là sont chanceux !», clame le psychiatre. Ce sont plutôt des enfants nés de parents connus, mais ceux-ci n'apportent cependant aucune présence significative à leur enfant, les privant de l'attention et de l'attachement essentiels à leur développement normal. Mal aimés, ces enfants se débrouillent seuls la plupart du temps, veillent eux-mêmes à leurs besoins primaires et n'ont à peu près aucune attache émotive."
(...) "En vertu de ce concept, un jeune enfant pourrait être déclaré «adoptable» après deux ans ou placé de façon permanente en famille d'accueil, voire en centre de réadaptation, si ses parents ne se montrent pas aptes à en prendre soin à l'intérieur de ce délai. Selon le Dr Lemay, un tel changement à la loi s'impose. «Deux ans, pour un parent, ce n'est pas long, mais pour un enfant de deux ans dont le développement est compromis, c'est une éternité», dit-il."
(...)"«Présentement, beaucoup de personnes s'occupent de ces jeunes, mais durant de courtes périodes. Cela a un effet pathogène. Les seuls jeunes qui réussissent à s'en tirer ont été suivis longuement, soit par des psychiatres, un travailleur social, soit par une famille d'accueil, qui s'est investie pendant six, sept, huit ans. S'ils ne rencontrent pas une personne significative au cours de leurs 15 premières années de vie, ces jeunes sont cuits», conclut le Dr Lemay."
Extraits de:
http://www.ledevoir.com/2004/01/29/46079.html?268