Une étude publiée en 2001 (1), financée par SmithKline Beecham faisant maintenant partie du groupe pharmaceutique GlaxoSmithKline (GSK), a conclu que l'antidépresseur paroxétine (Paxil, Déroxat, Séroxat…) était sûr et efficace chez les adolescents, ouvrant ainsi la porte « à des millions de prescriptions d'antidépresseurs à des enfants et des adolescents ».
Une nouvelle étude, qui vient d'être publiée dans le British Medical Journal (BMJ), a réanalysé les données brutes de l'étude qui a été menée avec 275 adolescents souffrant de dépression majeure depuis au moins 8 semaines et qui ont reçu l'antidépresseur paroxétine, l'antidépresseur imipramine (Tofranil, Janimine…) ou un placebo.
La nouvelle étude a constaté que la paroxétine et l'imipramine n'étaient pas plus efficaces que le placebo selon, notamment, les scores à l'Échelle de Hamilton (faites le test) qui étaient réduits en moyenne de 10.7, 9.0 et 9.1 dans les cas de la paroxétine, de l'imipramine et du placebo respectivement, ce qui ne représente pas des différences significatives cliniquement et statistiquement.
Dans le groupe paroxétine, il y avait une augmentation des idées et des comportements suicidaires et dans le groupe de l'imipramine, il y avait une augmentation des problèmes cardiovasculaires.
Dans l'étude originale, les idées et comportements suicidaires étaient camouflés sous l'étiquette « labilité émotionnelle », rapporte le New York Times.
Concernant l'efficacité, l'étude originale ayant obtenu des résultats négatifs aux différents instruments de mesure prévus, avait, en cours de route, choisi d'autres instruments qui ont finalement donné des résultats positifs.
Afin d'éviter ce problème répandu de publication sélective des résultats, des normes d'enregistrement des études précisant, avant leur début, les mesures qui seront utilisées ont été largement adoptées à partir du début des années 2000. Une étude publiée en août dernier dans la revue PLOS One, par exemple, a montré qu'avant l'adoption de ces nouvelles normes, 57 % des essais cliniques à grand budget évaluant des médicaments ou des compléments alimentaires pour le traitement ou la prévention des maladies cardiovasculaires rapportaient des résultats positifs. Après l'application de ces normes, seulement 8 % rapportaient des résultats positifs.
Il a aussi été révélé que l'étude de 2001 n'a pas été rédigée par 22 universitaires comme prétendu mais par un « rédacteur fantôme » payé par GSK, rapporte le site NHS Choice du ministère de la Santé britannique.
De nombreuses études cliniques présentent certains les problèmes de cette étude de 2001, estiment les auteurs. Il serait essentiel, disent-ils, que toutes les données brutes des essais cliniques soient mises à disposition de sorte que plusieurs parties puissent les analyser.
De sérieuses questions sont soulevées quant à la fiabilité des essais cliniques financés par l'industrie, souligne NHS Choice.
(1) Menée par le Dr Martin Keller de l'Université Brown et publiée dans le Journal of the American Academy of Child and Adolescent Psychiatry.
Psychomédia avec sources : BMJ, New York Times, NHS Choice, Washington Post.
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