Un comité consultatif d'experts de la Food and Drug Administration (FDA), l'autorité américaine du médicament, a recommandé vendredi que les appareils de thérapie électroconvulsive (aussi appelée électroconvulsivothérapie, sismothérapie et communément "électrochocs") doivent subir les mêmes tests que les nouveaux dispositifs médicaux mis sur le marché. Une décision qui pourrait éventuellement conduire au retrait de ces appareils du marché. La FDA n'est pas tenue de suivre les recommandations de ses comités mais le fait habituellement.
Après un long déclin, ces appareils, utilisés depuis les années 1930, ont vu leur popularité augmenté ces dernières années.
En octobre 2010 notamment, American Psychiatric Association(APA), dans une remise à jour des directives pour le traitement de la dépression majeure, réhabilitait le traitement pour la dépression sévère qui résiste au traitement traditionnel (les antidépresseurs). Cette dernière constituerait, selon l'APA, l'alternative la mieux appuyée par les données.
L'APA, selon un article du New York Yimes, veut protéger ses membres afin qu'ils puissent continuer à prescrire ces traitements très lucratifs (entre $1,000 et $2,500 par session), rapporte PsychCentral.
Ces appareils délivrent un courant électrique au cerveau, à travers le crâne, provoquant une crise convulsive (épileptique) généralisée.
Environ 100.000 Américains subissent ce traitement chaque année, impliquant habituellement une douzaine de séances sur plusieurs semaines. Certains reçoivent ensuite un traitement de "maintenance" aux quelques semaines, l'effet thérapeutique, quand il se produit, n'étant souvent qu'à court terme. Ce traitement est le plus souvent utilisé pour la dépression sévère unipolaire et bipolaire, mais également pour la schizophrénie, la manie bipolaire, les troubles schizo-affectif et schizophréniforme et la catatonie, et, plus récemment, les comportements agressifs de l'autisme.
Une loi de 1976, exigeant que la sécurité et l'efficacité de tous les nouveaux dispositifs médicaux soient testées, autorisait les appareils déjà en usage à demeurer sur le marché. Le congrès a récemment demandé à la FDA de résoudre les ambiguïtés ainsi créées: décréter que les appareils sont utiles et sécuritaires (ce que recommanderait l'APA selon le New York Times), ou demander des tests correspondant aux normes actuelles.
Des chercheurs de la FDA ont fourni au comité une analyse de centaines d'études sur le sujet. Elles étaient, dans l'ensemble, plutôt mal conçues et réalisées avec trop peu de patients pour permettre de tirer des conclusions fermes. Des études suggèrent que le traitement est plus efficace que le placebo ("faux" chocs) dans le cas de la dépression sévère et, après un mois, plus efficace que les antidépresseurs.
En termes de risques, l'analyse des chercheurs de la FDA établit que le traitement est associé à "des atteintes de l'orientation, de la mémoire et de la fonction cognitive globale immédiatement après et jusqu'à 6 mois." Certains aspects de la mémoire peuvent revenir au niveau initial après six mois. La mémoire autobiographique semble être plus à risque. Une dose élevée et le courant appliqué aux deux côtés du cerveau sont associés à davantage de problèmes de pensée et de mémoire.
Le président du comité, Thomas G. Brott, neurologue au campus de la Mayo Clinic à Jacksonville en Floride, s'est dit étonné que pratiquement aucune étude n'avait été menée sur les effets du traitement en utilisant l'imagerie cérébrale ou les autopsies de patients.
Psychomédia avec sources: Washington Post, Medpage Today, PsychCentral, New York Times.
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