Le laboratoire Serviers a développé un antidépresseur, l'agomélatine (Valdoxan), qui agit sur la mélatonine. Cette dernière joue un rôle important dans la chimie liée au rythme jour/nuit. Ces travaux ont été présentés lors du cinquième congrès de l'encéphale, qui a réuni près de 5 000 psychiatres et psychologues, à Paris la semaine dernière.
Les antidépresseurs actuellement disponibles agissent sur la sérotonine et, dans certains cas, sur la noradrénaline (qui sont des neurotransmetteurs servant à la communication entre les cellules nereuses).
De 40 à 60 % des personnes traitées pour une dépression majeure "présentent des altérations importantes de l'architecture du sommeil, caractérisées par un allongement de la période d'endormissement, une diminution du sommeil lent profond avec des éveils fréquents, et des réveils matinaux angoissés et très précoces. Ces troubles vont de pair avec des modifications du rythme de la température corporelle et toute une série d'anomalies au niveau de la sécrétion du cortisol, de l'hormone de croissance, des hormones thyroïdiennes, de la mélatonine, toutes sous le contrôle de l'horloge biologique interne de l'organisme."
« L'horloge biologique interne est encore assez mal connue, mais on sait que certaines zones situées dans l'hypothalamus au niveau des noyaux suprachiasmatiques contrôlent bon nombre de ces fonctions biologiques cycliques par l'intermédiaire de la mélatonine, essentiellement sécrétée durant l'obscurité de la nuit », explique le Pr Jean Dalery, chef de service de psychiatrie à Lyon.
"Chez les sujets normaux, on sait qu'il existe un pic de sécrétion de la mélatonine vers trois heures du matin, alors que chez les déprimés, ce pic est très érodé, voire carrément supprimé.
La piste de la mélatonine dans la dépression avait déjà été explorée il y a quelques années, puis abandonnée faute de résultats. Par la suite, des chercheurs ont découvert qu'il fallait agir sur les deux systèmes de neurotransmission, celui de la mélatonine et celui de la sérotonine pour obtenir des effets positifs.
Servier a alors mis au point une molécule nouvelle, l'« agomélatine » qui agirait à la fois sur les récepteurs à la mélatonine situés dans les noyaux suprachiasmatiques et sur certains récepteurs du système de la sérotonine. En plus d'être un antidépresseur, elle améliorerait la structure du sommeil, souvent très perturbée chez les personnes souffrant de dépression. Le médicament est en cours d'enregistrement au niveau de l'Agence européenne."
Notons que la mélatonine jouerait un rôle central dans les mécanismes de la dépression saisonnière selon certaines hypothèses.
PsychoMédia avec source: Le Figaro