Une grande étude génétique, publiée dans la revue The Lancet, jette des doutes sur la théorie selon laquelle le bon cholestérol préviendrait les maladies cardiovasculaires en aidant à débarrasser les artères du mauvais cholestérol et en étant éliminé par le foie.
Les études montrent que le bon cholestérol (le cholestérol HDL, lipoprotéines de haute densité) est lié à un risque réduit de maladie coronarienne mais ces études, épidémiologiques, ne prouvent pas que ce lien est de cause à effet.
Pour montrer un lien causal, les études doivent assigner au hasard les participants à des groupes subissant des conditions ou traitements différents qui sont ensuite comparés.
Sekar Kathiresan de l'Université Harvard et ses collègues ont mené cette étude, cofinancée par les National Institutes of Health (NIH) américains, à partir de grandes bases de données d'informations génétiques. Ils ont comparé le risque cardiaque entre des groupes portant différentes versions de gènes connus pour influencer les niveaux de cholestérol HDL. L'idée est que, les gens étant naturellement assignés au hasard à des variations génétiques, celles qui ont des variations liées à des niveaux élevés de cholestérol devraient avoir un risque cardiaque diminué si le lien est causal, explique le New York Times.
Les résultats n'ont montré, à la surprise des chercheurs, aucune réduction de risques pour les personnes portant des gènes favorisant des niveaux élevés de cholestérol HDL. Par contre celles qui avaient des gènes favorisant le mauvais cholestérol (le cholestérol LDL, lipoprotéines de faible densité) avaient comme prévu un risque cardiaque plus élevé.
Les auteurs ne remettent pas en question le fait, bien documenté, que les niveaux plus élevés de cholestérol HDL soient associés à un risque cardiaque inférieur. Mais ce lien ne serait pas causal. Le cholestérol HDL serait plutôt un signe qu'un autre facteur rend les maladies cardiaques moins probables.
Les échecs d'essais récents de trois médicaments expérimentaux augmentant le niveau de bon cholestérol à prévenir le risque cardiovasculaire contribuent à alimenter le doute sur la théorie du bon cholestérol. Il en est de même de l'abandon prématuré en mars dernier d'un essai des NIH américains testant une combinaison d'un médicament de la classe des statines (qui abaisse les niveaux de mauvais cholestérol) et de niacine (vitamine B3, qui augmente les niveaux de bons cholestérol) car l'ajout de la niacine ne prévenait pas mieux des risques cardiaques et augmentait même légèrement le risque d'accident vasculaire cérébral, rapporte le Los Angeles Times.
Mais, souligne le site gouvernemental britannique NHS Choice, la présente étude ne représente pas le dernier mot sur la question car, entre autres limitations, elle ne prend en considération que les gènes actuellement connus.
Psychomédia avec sources: New York Times, Los Angeles Times, NHS Choice. Tous droits réservés.