Une recherche sur le bonheur apporte des nuances à la théorie, populaire ces dernières années, selon laquelle les gens ont un niveau de base de bonheur qui leur est naturel et autour duquel ils ont tendance à graviter toute leur vie. Le bonheur dépendrait ainsi beaucoup plus de caractéristiques personnelles que des circonstances de la vie.
Selon le psychologue Richard Lucas de l'université du Michigan, bien que le bonheur soit modérément stable, les événements de la vie, tels qu'un divorce, une perte d'emploi ou une invalidité ont tendance à changer le niveau de base.
Il a révisé plusieurs recherches dont deux de grande envergure: une recherche allemande s'étant déroulée sur 21 ans auprès de 40 000 participants et une recherche britannique de 14 ans avec 27 000 participants. Chaque année, les participants évaluaient leur niveau de satisfaction vis-à-vis leur vie et rapportaient les changements majeurs vécus dans la dernière année.
Son étude montre que si les gens tendent à s'adapter aux événements majeurs de la vie, ce processus prend souvent plusieurs années et ne conduit pas toujours au niveau de bonheur antérieur.
Par exemple, après le décès d'un(e) conjoint(e), les gens prennent en moyenne 7 ans avant de retrouver le niveau de satisfaction qu'ils avaient avant le décès.
Un mariage est suivi d'une période où le niveau de bonheur est plus élevé puis revient, généralement dans l'espace d'une couple d'année, au niveau précédant l'union.
Les gens rapportent moins de satisfaction après un divorce ou une perte d'emploi. Et généralement, ils ne retrouvent pas le niveau antérieur de satisfaction qu'ils avaient avant ces événements. Quoique pour certains, ces évènements conduisent ultimement à une meilleure vie.
De même, pour ce qui est d'une invalidité, de nombreuses recherches montrent que les maladies et les blessures majeures conduisent à une baisse significative et durable du bien-être subjectif.
Il y a toutefois beaucoup de variation entre individus dans l'adaptation aux évènements de la vie. Plus que cela, les individus qui connaîtront certains événements diffèrent (en moyenne) dans leur niveau de bien-être de ceux qui ne les vivront pas, bien avant que ces événements se produisent. Ainsi, les gens qui se marient et qui demeurent mariés, par exemple, ont tendance à être plus heureux même 5 ans avant leur mariage que ceux qui se marieront et divorceront.
De bonnes capacités d'adaptation sont importantes pour se protéger de périodes prolongées d'états émotionnels qui peuvent être dommageables et pour aider à s'ajuster aux nouvelles menaces au bien-être plutôt que de rester centrés sur les anciennes. L'adaptation aide aussi à décrocher d'objectifs qui s'avèrent irréalistes.
Psychomédia avec source: Michigan State University
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