La « stratégie pour l’autisme 2018-2022 », qui constitue le 4e Plan autisme, a été présentée par le Premier ministre Édouard Philippe le 6 avril.
L'autisme est un trouble neurodéveloppemental qui se caractérise par des difficultés d'interaction sociale, des comportements répétitifs et des centres d'intérêt restreints ou spécifiques. Il peut s'accompagner ou non d'une déficience intellectuelle. (Critères diagnostiques de l'autisme)
La Cour des comptes évalue à 700 000 le nombre de personnes concernées en France, dont 600 000 adultes, bien que ces derniers ne soient « qu'environ 75 000 » à être aujourd'hui diagnostiqués.
Le plan doté de 344 millions d'euros, auxquels s'ajoutent 53 millions d’euros de « crédits 2018 issus du 3e plan », succède à ce dernier (2013-2017) qui était doté de 205 millions d'euros.
Le plan propose la création, à partir du 1er janvier 2019, d'un « forfait d'intervention précoce » de prise en charge par l'Assurance-maladie des séances avec des thérapeutes (psychomotriciens, ergothérapeutes, neuropsychologues…), dès les premiers troubles détectés et avant le diagnostic officiel.
Pour les enfants nés en 2018, « il faudrait que, dès 2019, l'ensemble de cette classe d'âge puisse avoir accès au dépistage et au forfait d'intervention précoce, et que cette génération dépistée le plus tôt possible puisse intégralement entrer à l'école en 2021. C'est le premier jalon qu'on s'est fixé
», a indiqué le Premier ministre.
Le plan prévoit tripler le nombre d'Unités d'enseignement en maternelle (UEM), des petites classes destinées aux enfants ayant besoin d'un soutien renforcé. De nouvelles classes spécialisées doivent être ouvertes en primaire, au collège et au lycée, et une centaine de postes d'enseignants spécialisés dans l'autisme seront créés pour soutenir ceux qui ont des élèves autistes dans leurs classes.
Des mesures sont également prévues pour améliorer le repérage des adultes, afin de pouvoir adapter leur prise en charge et leur accompagnement, vers l'emploi notamment. Les crédits destinés au dispositif d'emploi accompagné seront doublés, dans l'objectif de faciliter leur insertion professionnelle.
Le plan prévoit aussi d'investir dans la formation des professionnels intervenant auprès des personnes autistes et de développer la recherche sur les troubles neurodéveloppementaux, pour « remettre la science au cœur de la politique de l'autisme » et créer « une plateforme de répit par département » pour les familles.
« A l’unisson, les associations de familles d’autistes dénoncent un “matraquage de communication” et déplorent “une montagne qui a accouché d’une souris”
», rapporte Le Monde.
Concernant le montant de l’enveloppe, Christine Meignen, présidente de l’association Sésame autisme, estime que « ce n’est pas réaliste de croire qu’avec si peu on va pouvoir changer la situation des centaines de milliers de familles en détresse », rapporte Le Monde.
L’association Autisme France rappelle, à titre de comparaison, que le plan Alzheimer avait été doté de 1,6 milliard d’euros pour la période 2008-2012. « Ce qu’on nous présente n’a ni la forme ni les moyens d’un grand plan de santé publique », juge Danièle Langloys, présidente de l’association.
En janvier, la Cour des comptes avait publié un rapport accablant, estimant à 6,7 milliards d’euros le coût annuel de la gestion de l’autisme, pour un résultat peu efficace. « Il faut réaffecter efficacement cet argent public mal utilisé », résume Danièle Langloys.
« Il faut arrêter d’empiler des plans qui ne font rien avancer concrètement », estime M’hammed Sajidi, le président de l’association Vaincre l’autisme, qui rappelle que « seulement 50 % des objectifs du deuxième plan ont été réalisés, et moins de 50 % pour le troisième plan ».
« Sur le papier, c’est plein de bonnes intentions, mais concrètement, sur le terrain, le diagnostic précoce est un échec total », rappelle-t-elle. Selon le rapport de la Cour des comptes, seuls 15 % des enfants bénéficient aujourd’hui du diagnostic et de l’intervention précoces.
« Il faut hausser le ton, dire que des choses ne vont pas et faire le ménage », souligne Danièle Langloys. Elle souhaite des « sanctions contre les professionnels qui ne respectent pas les recommandations ».
Concernant la scolarisation, poursuit Le Monde, tous les responsables associatifs déplorent un « manque d’éléments concrets pour obtenir des résultats » et un discours qui « reste de l’ordre du symbolique ».
Enfin, pour les adultes autistes, « c’est le néant », déplore Christine Meignen. Avec seulement quelques crédits alloués pour des logements autonomes, « ça ne répond en rien à la crise d’accueil que l’on connaît actuellement avec des listes d’attente interminables et des trentenaires maintenus dans des structures pour enfants faute de places ailleurs », dit Christine Meignen.
Pour plus d'informations sur l'autisme, voyez les liens plus bas.
Psychomédia avec sources : handicap.gouv.fr, TV5 (AFP), Le Monde.
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